Chroniques d’un diplômé HEC: conseils pour réussir en prépa

Je tenterai dans cette série d’articles d’esquisser une approche de méthodologie de travail en classe prépa ECS, en me basant sur ma propre expérience ainsi que sur les difficultés généralement rencontrées par les préparants. Je diviserai cette série en quatre grands chapitres : la méthodologie générale de travail, la rédaction des dissertations (philosophie, HIGEC et contraction et synthèse de textes), les épreuves orales et le choix de l’école de commerce à l’arrivée des résultats.

Réussir en prépa

Méthodologie générale de travail pour réussir en prépa

En classe

Lorsque vous êtes en classe, vous devez garder à l’esprit deux choses :
Votre professeur est pressé par le temps et l’ampleur du programme qu’il doit couvrir. C’est pour lui une nécessité de survoler certains points du programme et de se fier à votre attention constante et à votre travail personnel pour votre bonne compréhension.
• Les exigences de votre professeur peuvent refléter plus ou moins fidèlement les attentes des personnes qui rédigent les épreuves des concours. Il vous revient de savoir discriminer entre ce que votre professeur exige de vous de par sa rigueur personnelle, de ce qui sera exigé de vous par les correcteurs des épreuves écrites et les examinateurs des épreuves orales.

En classe, ne vous laissez pas distraire : notez tout ce qui vous semblera utile, et négligez le superflu. Bien que cela aille contre le mot d’ordre individualiste de la prépa, n’hésitez pas à aider vos camarades : il est fort peu probable que vous vous retrouviez en concurrence pour la même place aux épreuves ! Aider les autres élèves ne fera que renforcer vos propres connaissances, et les clarifier dans votre tête, et de plus (à moins qu’ils ne soient vraiment égoïstes), ils feront sûrement de même pour vous remercier. Vos camarades de classe sont donc vos alliés, et non vos concurrents.
Quant à votre professeur, comprenez qu’il soit contraint à la rapidité, et mettez-y du vôtre en ne l’interrompant pas à tort et à travers mais uniquement lorsque cela est nécessaire. Tentez de comprendre ses exigences, qui dépendent de la matière qu’il enseigne. Après ce bref rappel, je traiterai donc à présent de ces différentes matières, uniquement en ce qui concerne les épreuves écrites (je vous renvoie au troisième chapitre en ce qui concerne les épreuves orales).

Conseils généraux

Tout d’abord, quelques conseils généraux.
La maîtrise des langues vivantes est un atout que vous ne devez négliger en aucun cas. Vous devez maîtriser les grandes règles de la rédaction et de la conversation : concordance des temps (souvent transparente de celle qui s’applique dans la langue française), accords des verbes et des pronoms (féminin, masculin, singulier, pluriel), utilisation de connecteurs logiques (mais, donc, en revanche, bien que, etc.) et d’un vocabulaire riche et adéquat. Concernant ce dernier point, je conseille de suivre le plus possible les directives de votre professeur quant à l’apprentissage de termes économiques, puisque la majorité des épreuves traiteront de sujets économiques.
Cela peut également vous être utile de regarder des films en version originale (sous-titrés dans la langue que vous souhaitez apprendre), de lire des livres d’auteurs parlant la langue concernée, etc. Un excellent niveau dans votre première langue et un bon niveau dans votre deuxième langue sont essentiels à votre réussite, et la quantité de travail personnel à fournir est raisonnable en comparaison des bénéfices que vous en retirerez. En réalité, il vous suffit tout simplement de commencer à « penser » en anglais/allemand/espagnol/italien/russe/mandarin etc. puis de retranscrire cette pensée sur le papier (en prenant garde qu’il n’y ait absolument AUCUNE faute de grammaire/conjugaison/syntaxe etc.).
Maximisez vos chances en utilisant dans vos devoirs les dernières tournures que vous avez apprises, et attachez-vous à produire des phrases parfaitement agencées : si ce que vous dites est intéressant, c’est évidemment encore mieux !
Il vous faut apprendre à lire vite et à comprendre rapidement. Qu’il s’agisse de documents d’aide à la dissertation (en français, philosophie, HIGEC) ou de consignes d’exercices (en mathématiques), vous devez savoir parcourir le texte en identifiant le plus rapidement possible ce qui est exigé de vous (dans le cas de consignes) ou les idées-clé des sujets qui vous sont proposés (dans le cas de documents). Par exemple, je suis sûr que certains d’entre vous savent immédiatement, à la lecture d’un sujet de mathématiques, à quel moment il leur sera demandé d’effectuer une démonstration par récurrence, ou par l’absurde, ou en utilisant telle ou telle loi étudiée en cours.
En effet, les rédacteurs des épreuves n’attendent pas de vous que vous vous aventuriez dans l’inconnu à chaque nouveau résultat demandé, mais bien que vous sachiez appliquer les concepts du cours immédiatement, à la simple lecture de l’énoncé. En extrapolant, on pourrait dire que vous devez savoir non seulement les réponses qui sont attendues de vous, mais également connaître les questions qui vont amener ces réponses.
Exemple : les questions de mathématiques qui amènent une démonstration par récurrence sont presque systématiquement posées de la même manière, et la rédaction de la réponse est presque aussi invariable.
Autre exemple : les documents de la synthèse de texte constituent à certains égards des réponses à des problématiques précises, implicites au texte mais qu’il vous faut pourtant mettre à jour.
Je reviendrai plus amplement sur ce point dans le prochain chapitre, où j’expliquerai la manière de dresser un plan pour la dissertation et la synthèse. Il est évident que c’est dans les épreuves de contraction et de synthèse où l’importance de la lecture rapide se fait le plus sentir, car dans ces épreuves il vous faut résumer la pensée d’un auteur en un minimum de mots. Vous devez donc lire vite, comprendre rapidement et formaliser votre pensée en mots dans un même geste, grâce à votre compréhension générale des enjeux du texte.
Vous devez avoir confiance dans votre méthode de travail et dans les réponses que vous donnez aux questions qui vous sont posées. Une réponse donnée avec aplomb, démontrée avec soin et menée jusqu’à son terme, même si elle est fausse ou seulement en partie vraie, vous vaudra des points car l’examinateur reconnaîtra votre effort et votre capacité à penser et à mener vos entreprises jusqu’au bout. Ceci est plus ou moins vrai selon les matières, mais on peut dire de façon générale qu’il ne sera jamais vain d’essayer, ni d’y mettre du soin.

Dites-vous que lorsqu’il y a quelque chose que vous ne savez pas, vous pouvez peut-être arriver à le deviner, et arriver à quelque chose d’approchant, en vous contentant de suivre la logique de ce qui vous est demandé.

Exemple (sans doute connu de tous les préparants) : il vous est demandé de prouver une égalité mathématique. Libre à vous de partir du terme de gauche pour arriver à celui de droite, ou de « tricher » en partant du terme de droite pour arriver à celui de gauche. Vous prendrez garde en rédigeant de montrer que c’est bien du terme de gauche que vous êtes parti.

Autre exemple : un des mots-clés du texte d’anglais vous échappe. Vous lui donnez deux ou trois significations différentes, et vous ne savez pas laquelle est la bonne. Écrivez votre rédaction de sorte qu’il n’y ait aucun contresens, et que votre démonstration soit valide quelle que soit la signification réelle de ce mot (bien entendu, il est important de savoir au moins si la signification du mot en question a une connotation plutôt positive ou négative).

Dernier exemple : l’une des idées que vous avez soulevées au cours de votre dissertation vous paraît erronée, ou pas assez nuancée, voire carrément fausse, mais il est trop tard pour revenir en arrière. Chargez-vous vous-même de faire la critique de cette même idée dans la suite de votre devoir, et d’y apporter des nuances et des contradictions. De la sorte, la fausseté donc vous aviez fait une vérité devient après correction une simple hypothèse de travail, et on ne pourra pas vous reprocher d’avoir émis cette affirmation douteuse, puisque vous la réfutez au cours de votre raisonnement. Si toutes ces « manœuvres » sont claires pour vous, elles le seront sans doute pour votre correcteur, et il vous saura gré du soin et de l’effort que vous avez apportés à répondre à une question « piège » ou ambigüe, ou à vous tirer d’un faux pas.

Conseils par matières

Je donnerai à présent quelques conseils selon les matières.

Mathématiques

Comprenez les concepts de base et mémorisez-les grâce à des moyens mnémotechniques. Faites un grand nombre d’exercices « types, » afin que ces concepts deviennent automatiques, et que les énoncés des futurs exercices ne vous surprennent pas. Concentrez-vous sur les premières questions des exercices, et répondez-y parfaitement, en posant à chaque étape les termes de la démonstration (« soit un nombre X etc., » « alors quel que soit n entier naturel, » etc.). Laissez les questions difficiles pour la fin : vous y répondrez si le temps vous y autorise. Travaillez sur vos erreurs de sorte à ne pas les reproduire (ce conseil est valable pour toutes les matières).

Langues

Ayez pour objectif d’être bilingue. Lisez un livre compliqué écrit dans la langue que vous souhaitez apprendre. Faites l’effort de retenir des structures logiques que vous utilisez en français. Attachez-vous à utiliser des mots au sens recherché et complexe, ainsi que des métaphores et des expressions idiomatiques.

Français

Lisez vite, comprenez rapidement. Saisissez les grands concepts de la pensée (qui sont les mêmes qu’en philosophie) et appliquez-les aux écrits des auteurs dont vous devez traiter. Pour la contraction : écrivez une ébauche de texte au fur et à mesure de votre lecture, en résumant ce que vous venez de lire du mieux que vous le pouvez. À la fin de votre lecture, commencez à éliminer des mots et à regrouper des phrases pour vous maintenir dans la limite exigée. Relisez votre texte en prenant garde aux répétitions et aux contradictions, et tentez d’obtenir un condensé clair de la pensée de l’auteur.
Pour la synthèse : attribuez à chaque auteur les concepts et les points de vue qui leur correspondent (exemples de concepts : liberté, aliénation, humanisme, etc., exemples de points de vues : matérialiste, mystique, rationaliste, etc.). Tentez de faire jouer ces concepts et points de vue ensemble et les uns contre les autres : trouvez-leur des similitudes (des « points d’interface ») et des différences et faites-en une synthèse harmonieuse, en soulignant à quel point ces points de vue se complètent bien plus souvent qu’ils ne s’opposent.
N’énumérez pas les idées mais efforcez-vous toujours de les connecter par des liens logiques (« de même, » « en revanche, » etc.).

Philosophie

Ayez une bonne connaissance des auteurs au programme et de leurs théories respectives. Plus important, ayez votre propre théorie. Lisez les auteurs modernes, qui vous seront plus utiles (notamment pour traiter des questions sociales et économiques) que les anciens.
Veillez à ne pas laisser filtrer de dogmes religieux ou sociaux dans vos dissertations, mais faites confiance avant tout à votre logique et à votre raison. Gardez à l’esprit cette maxime : « Le but de la philosophie est la liberté. » Réfléchissez en partant de ce point : « qu’est-ce que la liberté ? » « qu’est-ce qui encourage la liberté ? » « qu’est-ce qui la limite ? » C’est que la contradiction entre la liberté naturelle de l’homme/de la femme et les limitations imposées par le monde moderne est véritablement au cœur de la philosophie : on pourrait écrire à ce sujet d’innombrables dissertations. Quelles sont vos solutions à cette contradiction ? C’est la réponse à cette question qu’on attend de vous dans l’épreuve de philosophie (j’y reviendrai plus amplement dans le prochain chapitre).

HIGEC

Ayez une bonne vue d’ensemble de l’histoire du monde industriel et de sa géographie, ainsi que du fonctionnement de l’économie libérale et de ses institutions. Les grands mouvements de colonisation/décolonisation, mondialisation/démondialisation (ou relocalisation) et les grands axes du commerce international ne doivent pas vous échapper, jusque dans leurs aspects les plus sombres (guerre, économie de la drogue, terrorisme, rapports de force entre les grands blocs du monde multipolaire, ainsi que le contexte le plus récent : crise financière, gouvernance mondiale etc.). Respectez la chronologie et soyez impartial dans votre analyse des évènements (pas de jugement moral). Sachez construire une dissertation (voir le deuxième chapitre).

Ces quelques conseils visent surtout à faire abandonner aux élèves « moyens » leur prévenance : ils seront de peu d’utilité aux élèves qui ont déjà compris le fonctionnement des épreuves écrites. Ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est d’apprendre par cœur sans comprendre ce qui vous est demandé. Aucun correcteur n’appréciera qu’un élève néglige de répondre à la question posée pour régurgiter tout ce qu’il a appris en deux années de prépa.

À mon sens, les deux matières qui nécessitent un travail intensif et de « coller au livre » sont les mathématiques et l’HIGEC.

Je recommande pour les mathématiques de faire beaucoup d’exercices, et pour l’HIGEC de lire très attentivement son cours. Les langues sont un cas particulier. En ce qui concerne le français et surtout la philosophie (mais aussi dans une certaine mesure l’HIGEC), j’aborderai ce point dans mon deuxième chapitre, intitulé « Aide à la dissertation. »

A propos Simon Rameau 3 Articles
Diplômé HEC de la promotion 2010. Un master en management spécialité médias, arts et création m'a été délivré à l'issue de ma formation, avec la mention Bien, décernée à mon mémoire de fin d'année sur le thème de "L'influence de l'hypertexte dans la création et l'édition d'oeuvres de l'esprit". Depuis ma sortie de l'école et après un bref passage en entreprise au sein d'une entreprise de conseil en recrutement et ressources humaines, j'ai fondé ma propre structure (Stendhal Syndrôme), spécialisée dans l'édition de disques, de livres et de diverses publications.

7 Commentaires

  1. Merci pour ces conseils avisés. 
    Je souhaite intergrer une prépa depuis ma troisième cependant plus l’échéance approche ( je suis en fin de premiere ) plus je doute de ma force de travail dans un millieu si exigent…

    • Tu n’as absolument pas à douter de toi, au contraire : il faut seulement savoir où sont tes points faibles et tes points forts, et travailler. Quant à l’exigence, tout dépendra de la prépa où tu iras et de tes capacités. L’entrée en prépa ressemble souvent à un nouveau départ, et je peux t’assurer que les plus faibles en septembre ne sont pas les derniers classés au concours 😉
      Un seul mot : aie confiance en toi !

  2. Merci pour ces conseils avisés. 
    Je souhaite intergrer une prépa depuis ma troisième cependant plus l’échéance approche ( je suis en fin de premiere ) plus je doute de ma force de travail dans un millieu si exigent…

  3. Merci pour ces conseils avisés. 
    Je souhaite intergrer une prépa depuis ma troisième cependant plus l’échéance approche ( je suis en fin de premiere ) plus je doute de ma force de travail dans un millieu si exigent…

  4. Merci pour ces conseils avisés. 
    Je souhaite intergrer une prépa depuis ma troisième cependant plus l’échéance approche ( je suis en fin de premiere ) plus je doute de ma force de travail dans un millieu si exigent…

  5. Merci pour ces conseils avisés. 
    Je souhaite intergrer une prépa depuis ma troisième cependant plus l’échéance approche ( je suis en fin de premiere ) plus je doute de ma force de travail dans un millieu si exigent…

  6. Merci pour ces conseils avisés. 
    Je souhaite intergrer une prépa depuis ma troisième cependant plus l’échéance approche ( je suis en fin de premiere ) plus je doute de ma force de travail dans un millieu si exigent…

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