Faut-il se fier aux classements pour choisir son école de commerce ?

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Ecoles-Commerce.com ne réalise aucun classement mais propose une compilation des différents classements publiés chaque année. Ha les fameux classements… Il s’agit du mot clé le plus tapé sur les moteurs de recherche en lien avec l’univers des écoles de commerce ! Même si nous avons appris à relativiser l’importance des classements, nous savons combien ils comptent auprès des candidats et étudiants. Si nous devions le résumer en une ligne, retenez une chose : il n’y a pas de classement des écoles de commerce qui ne soit arbitraire.

Ce que disent les étudiants : « j’ai un ami qui a entendu dire que »

Entre les années 2000 à 2010 on assiste à une véritable « guerre des classements ». La démocratisation d’Internet apporte son lot de discussions peu objectives, et les étudiants passent beaucoup de temps à débattre pour déterminer si telle école et au-dessus ou en dessous de telle autre école. Ce phénomène s’explique par le fait que les étudiants s’identifient fortement à leur école et à son classement : on reste diplômé de son école toute sa vie. En fonction de l’école dans laquelle se trouve l’étudiant qui vous parle, vous entendrez de tout :

« il y a les parisiennes, et le reste ça se vaut », « il y a le top 5, puis le reste » vous diront les étudiants des 5 meilleures écoles mais aussi des moins bonnes (sous-entendu passées les 5 premières, le classement ne vaut rien et mon école classée 30e vaut la 6e…), ou encore « il y a le top 10, puis le reste », « le top 20… », « le groupe A, B, C, D etc. », « il y a les Grandes Ecoles, et les autres » etc. etc.

… Pour chacun l’important étant d’être associé à un groupe d’écoles supérieures à la sienne et d’avoir toujours plus d’écoles ou de groupes en dessous de soi 😉

L’avis des entreprises, recruteurs et managers

De nombreuses rumeurs circulent sur le fait que les entreprises utilisent des grilles de recrutement, comportant une liste d’écoles (si votre école n’en fait pas partie, alors vous n’êtes même pas reçu en entretien) ainsi qu’un salaire associé à chaque école (notamment pour les postes de junior). Oui cela peut effectivement être le cas dans les grandes entreprises, mais le phénomène est marginal et touche plus particulièrement les secteurs comme le conseil en stratégie ou en fusion-acquisition notamment : avec de très nombreuses candidatures reçues, le nom d’une école peut être un critère de filtre parmi d’autres permettant de réduire la liste des candidats à recevoir en entretien, enfin le diplôme d’un consultant est une « plus-value » valorisée par la société de conseil lors des appels d’offre pour décrocher un contrat avec un client.
Mais en réalité dans l’immense majorité des cas, que ce soit auprès des grandes sociétés ou PME, les recruteurs connaissent les grandes tendances (les écoles excellentes, les correctes et les mauvaises) mais ne mémorisent pas le rang exact de telle ou telle école, ni les subtilités de tel ou tel classement. Comme le confirme une étude Linkedin menée en 2016 auprès de 16 000 DRH (plus de 1200 répondants) : à la question « Pour le recrutement des cadres, faites-vous une distinction entre les différentes écoles de commerce ? », les recruteurs estiment en très grande majorité qu’ils ne font pas de différence entre les écoles de commerce et ne pas faire de distinction au niveau du salaire d’embauche. Seul 1 recruteur sur 10 avoue consulter les classements établis sur les écoles de commerce, mais sans pour autant en faire un outil de recrutement. Tous les CV, les écoles et les étudiants se ressemblent de plus en plus, alors les managers cherchent surtout des compétences et des qualités humaines chez les candidats, avec malgré tout le diplôme d’une école suffisamment connue pour avoir une indication sur sa qualité (sans avoir à chercher).

Méthodologie des classements : comment sont-ils réalisés ?

Les classements permettent de s’épargner un travail de comparaison difficile à réaliser seul, mais l’accumulation des critères utilisés (dont certains sont dénués de sens) ne les rend pas pour autant pertinents ;

Quelles sont les écoles classées ?
La première limite des classements est de pénaliser les « dernières » écoles, sont-elles vraiment mauvaises ? Si l’on prend la dernière et la première des classements, effectivement l’écart entre les 2 écoles est grand, toutefois il ne faut pas oublier que les classements se limitent environ à une quarantaine d’écoles, parmi les plus grandes et réputées, sur plus de 200 écoles en France.

Quels sont les critères utilisés ?
Les journalistes réalisent des enquêtes auprès des écoles, des étudiants (et anciens) ainsi que les entreprises, en se basant sur des critères purement quantitatifs : nombre d’étudiants recrutés, de professeurs permanents, de professeurs étrangers, de publications, d’étudiants envoyés en séjours internationaux, de campus à l’étranger, montant de la taxe d’apprentissage perçue, etc. Si nous prenons l’exemple du critère « international » régulièrement utilisé, que se cache t-il derrière cette notion : le nombre d’accréditations, d’étudiants démarrant leur carrière à l’étranger, de professeurs étrangers, de doubles-diplômes, d’universités partenaires accréditées…? Même en partant du principe qu’un magazine communique véritablement l’ensemble des critères utilisés pour son classement, comment pourrait-il se pré-valoir d’utiliser les bons critères, de ne pas en avoir oublié, ou à l’inverse d’ajouter des critères non pertinents qui viennent polluer les résultats, pourquoi applique t-il plus de poids à un critère plutôt qu’un autre ?

Cette école est au dessus ou en dessous de telle autre ?
Autre critique que nous pouvons formuler à l’encontre des classements, c’est la nécessité de placer systématiquement une école avant ou après une autre, alors que l’écart entre certaines écoles est totalement arbitraire et parfois mince… mais les lecteurs retiendront (à tort) qu’il y a X places d’écart entre 2 écoles.
Certains magazines et étudiants l’ont compris et résonnent plutôt par « groupes d’écoles », une méthode intéressante. Mais faire entrer les écoles dans des groupes n’est en aucun cas plus adapté et en phase avec la réalité du marché. Si on prend l’exemple du « top 10 », premièrement est-ce que tout le monde (étudiants, entreprises, RH..) place les mêmes 10 écoles dans ce fameux top ? Deuxièmement cela place à tort l’école suivante, la 11e, en dehors de ce groupe : en quoi la 10e école serait-elle davantage associée à la 1ère (en faisant partie du même « top ») qu’à l’école située en 11e place ?

Périmètre des classements : l’école en totalité ou un diplôme précis ?
Enfin un point qui mérite d’être soulevé, les classements se limitent dans la grande majorité des cas à 1 programme en particulier : le diplôme « Master Grande Ecole », seul diplôme officiel visé par l’Education nationale et qui confère le grade de Master aux diplômés. Autrement dit, ce n’est pas l’ensemble d’un établissement et de ses programmes qui sont analysés (dont les Mastères Spécialisés, MSc et Bachelors). Pour autant c’est bien l’école dans sa globalité qui va bénéficier de l’image et de la notoriété de la côté de son diplôme Master Grande Ecole, au bénéfice des autres programmes proposés par l’école. Se pose alors une question simple : vaut-il mieux faire le diplôme Master Grande Ecole dans une petite école de commerce, ou un diplôme lambda, non reconnu par l’Education nationale et bien moins sélectif que le programme Master Grande Ecole, mais au sein d’une prestigieuse école ? On en parle dans cet article.

Peut-on se fier aux classements ou non ?

Fiabilité incertaine et forte subjectivité
Inutile de rappeler que les classements n’ont rien d’officiel et sont publiés par des magazines et journaux dont le but est de « vendre du contenu ». Pour se faire L’intérêt des magazines est tout simplement de proposer un classement différent des magazines concurrents pour justifier leur propre classement (en jouant sur les critères mesurés et la pondération attribuée aux critères), mais sans toutefois bouleverser les grandes tendances sous peine que le classement ne soit pas pris au sérieux. En résumé : un peu de fantaisie pour faire le buzz donc (1 école qui monte, 1 autre qui descend), mais pas trop ! Gardez bien en tête que tous les classements sont subjectifs, il est tout simplement impossible de réaliser un classement global sans une forte part de subjectivité : sinon comment expliquer qu’une école située à la 15e place dans un classement puisse être 8e dans celui d’un magazine concurrent (ou parfois au sein du même magazine, d’une année sur l’autre..) ?

Certaines informations ne sont pas vérifiées et/ou vérifiables
Sans compter que pour réaliser les classements, une grande partie des informations communiquées par les écoles ou les étudiants sont biaisées (puisque juges et partie..). Comme le précise Patrick Fauconnier, fondateur du magazine Challenges « c’est la foire aux mensonges sur tout : les salaires des diplômés, le nombre d’enseignants, des départs à l’étranger… Les seuls chiffres dont je suis sûr, ce sont ceux des concours, notamment grâce aux statistiques SIGEM (dont le but est de répartir les candidats entre les écoles) ».

Comment faire pour déterminer la valeur d’une école ?

Depuis quelques années on assiste à une certaine lassitude des étudiants et des entreprises vis à vis de la presse et des classements plus ou moins farfelus. La meilleure méthode, pour ne pas dire la « moins mauvaise », consiste à regarder selon nous (= avis totalement subjectif également) :

1/ Quelle est la tendance générale de l’ensemble des classements, et cela sur les 2-3 dernières années ?
Comme tout le monde vous consulterez les classements et en tiendrez compte dans votre choix, car même s’ils sont imparfaits et subjectifs, ils ont au moins le mérite de tenter de comparer les écoles. Quoiqu’il en soit, nous vous invitons à en comparer plusieurs et à ne pas en faire l’unique critère de choix mais un indicateur parmi d’autres.

2/ Dans quelle(s) école(s) vont les meilleurs candidats/étudiants à l’issue des concours ?
En fonction des écoles où vous êtes admis, autant que possible choisissez la plus sélective au concours (cela va souvent de pair avec la notoriété). Pour cela chaque année le SIGEM diffuse non pas un classement mais les statistiques officielles du concours d’entrée aux écoles de commerce et la synthèse des choix d’intégration et des désistements des candidats admis dans plusieurs écoles de commerce, en résumé : parmi X candidats admis à la fois à l’école X et à l’école Y, combien vont préférer aller à l’école X plutôt qu’à l’école Y, et inversement. On en déduit un classement des écoles en fonction du choix des candidats (uniquement pour les écoles recrutant sur concours prépa). Mais ces statistiques ont malgré tout leurs limites : il s’agit uniquement du choix des étudiants en prépa. Pour avoir un vue globale il faudrait y ajouter le choix des étudiants en admissions parallèles (bac+2/3) qui représentent désormais la moitié des étudiants en écoles de commerce et qui ne font peut être pas le même choix que les prépas, malheureusement cette donnée n’est pas communiquée par les concours Passerelle et Tremplin. Quant aux écoles post-bac, nous n’avons pas de statistiques officielles sur les concours.

3/ De quelle(s) école(s) sont issus les employés qui occupent les postes que vous visez ?
Pour cela il n’y a pas de recette, regardez sur LinkedIn et Viadeo par exemple, posez vous même la question aux professionnels que vous rencontrez.

4/ Au final, les classements et les rangs sont toujours une source importante d’informations, mais ne peuvent se substituer à une démarche personnelle de réflexion.
Même si cela est très tentant, évitez de demander l’avis des autres étudiants, personne sera en mesure de vous donner une définition exacte et commune sur ce qu’est une bonne école ou non.

Même s’il est certain que le choix de l’école peut influer sur le salaire (dans une certaine mesure) et l’accès à certains emplois ou sociétés élitistes auxquels vous pouvez prétendre (encore faut-il avoir envie d’exercer ces fonctions et de consacrer beaucoup de temps à sa carrière).., votre diplôme n’est pas une finalité, mais un outil : plus vos compétences et votre expérience professionnelle s’enrichissent plus le poids de votre diplôme s’estompe inévitablement.

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