Ces conseils sont le fruit de l’expérience d’un ex-candidat aux concours d’entrées aux grandes Ecoles de Commerce. Ces techniques sont loin d’être une martingale mais ont permis à l’auteur d’obtenir d’excellentes notes aux entretiens des meilleures écoles.

Je pense que chacun a des méthodes différentes. Je vais simplement donner la mienne, qui m’a réussie mais qu’il faut adapter à sa sauce, son caractère. Ces trucs et astuces serviront à certains, d’autres préféreront ne pas les appliquer, mais ce qui compte vraiment c’est d’arriver le jour de l’entretien dans un certain état d’esprit, d’avoir une cohérence, une mentalité tout entière consacrée à un but : montrer que vous êtes sympa, que si ce que vous avez vécu n’est pas forcément extraordinaire, ce n’est pas pour cela que vous allez être ennuyeux, et que votre but est qu’on s’intéresse à vous.
Vous êtes ouvert à ce qu’on vous propose, et même amusé dès qu’il y a un peu d’originalité. Vous comprenez les sous-entendus qu’on vous fait et vous ne faites pas de langue de bois. Pensez au candidat que vous aimeriez avoir en face de vous, vous n’attendez pas Superman mais plutôt un type intéressant, aux idées réfléchies, et qui ne ressemble pas à un robot. Vous n’hésitez pas à vous faire préciser un point, à demander ce qu’ils attendent, etc, en instaurant un vrai dialogue, et pas le cauchemar du recruteur qui voit des perroquets réciter leurs leçons.

1. Présentation

Le Jury vous fait entrer dans la salle. La tentation est forte de s’asseoir, mais rester debout en attendant qu’on vous invite à le faire est quelque chose qui ne nuira jamais, et peut faire marquer des points. Dans de rares cas, le jury mène tout de go l’entretien avec des questions assez précises, mais la plupart du temps la première question est : « présentez-vous ». Plusieurs stratégies sont possibles, suivant ce que l’on veut faire. Certains sortiront une présentation préparée, évoquant les points où ils se sentent forts, partant dans un monologue. D’autres ne sauront pas trop quoi répondre, et se contenteront d’un Etat-civil. Pour moi, le problème fondamental de cette question est qu’elle est assez généralisée, mais la réponse attendue pas forcément. Il est en effet difficile de savoir ce que veut le jury, et d’ailleurs s’il veut vraiment quelque chose ! Expérience scolaire ? Voyages ? Projet professionnel ? Motivation pour l’école ? Vous avez sûrement un scénario tout prêt ou au moins une idée pour chaque thème, mais lequel aborder ? Vous avez aussi sûrement des thèmes privilégiés et d’autres que vous ne voulez pas forcément aborder.

Ma méthode consiste à ne pas hésiter à mener le jury sur des terrains propices, sans jamais lui donner l’impression que c’est nous qui le faisons. Si vous racontez directement vos thèmes de prédilection, vous les grillez tout de suite, et la première chose qu’aura envie de faire le jury c’est de chercher ce que vous voulez cacher, sans s’intéresser à ce que vous voulez mettre en avant. Une bonne présentation pour moi commence par un (très) bref Etat civil pour lancer le sujet, une petite description du parcours suivi, et demander ensuite au jury le thème qu’il veut que vous abordiez, en faisant surtout des suggestions ! « Voulez vous que je développe les expériences professionnelles que j’ai déjà plus avoir, ou plutôt mes voyages à l’étranger ? ». Question fermée, guidant le jury tout en le laissant choisir les thèmes de l’entretien. Ne pas suggérer qu’un thème, pour ne pas se griller, mais ne suggérer que des thèmes que l’on maîtrise.

A la suite de ça, les questions s’enchaînent, banales ou piégeuses. Je ne reviendrai pas sur l’élocution, le sourire, bref l’apparence sur lesquels vous trouverez des conseils pertinents partout.

Ce qui fait le plus d’un entretien, c’est d’être intéressant, et crédible. Certains prennent des risques, pour essayer de toucher le jackpot, mais l’originalité à tout prix ça rapporte 18 un jour et 6 le lendemain. Le sérieux, quelqu’un qui maîtrise son sujet, le profil type de l’étudiant que l’on souhaite, ça rapporte plus des 15 tout le temps. Pensez au nombre de candidats. C’est un tournoi de poker dans lequel vous voulez finir dans les 30, 50 premiers. Vous n’êtes pas celui qui va tenter deux ou trois all in de suite pour passer en tête, au risque de se faire éjecter. Vous êtes celui qui va gagner tranquillement ses jetons à chaque argument que vous donnerez en votre faveur.

2. Le Mensonge

Tous les bouquins et les intervieweurs vous le diront : il ne faut pas mentir à l’entretien.
Oui et non. Même s’il faut préférer l’enrobage, en transformant un truc banal en expérience hors du commun, il peut arriver d’avoir à mentir, mais il ne faut pas le faire dans l’improvisation.

Le mensonge pour marcher doit être indétectable. Vous devez avoir réponse à tout, ne pas vous trahir par votre comportement ou des contradictions, ne pas être irréaliste non plus.
Vous n’avez jamais eu d’expérience dans tel ou tel domaine ? Faites vous une expérience béton : faites vous raconter dans les moindres détails cette expérience par quelqu’un qui l’a vécue, de fond en comble. Le mensonge est toujours un risque, souvent pas nécessaire, alors si vous sautez le pas n’ayez aucun doute sur votre capacité à tenir et à rester crédible.

3. « Pourquoi voudriez vous aller dans notre école ? »

Réponse : vous n’avez pas vraiment envie d’y aller, mais si vos trois premiers choix vous refusent vous serez bien content de l’avoir en bouée de sauvetage, et d’avoir une alternative au cubage.

Attitude à adopter : Mentir, mais avec modération.
Exemple type : vous passez vos entretiens à Grenoble, tout en étant admissible à ESCP, EM Lyon, Edhec et Audencia et Ecricome, et Grenoble serait votre 5ème choix, devant les Ecricome.

La chose à ne pas faire : « J’aimerais intégrer Grenoble pour son positionnement technologique, et ce sera mon premier choix parmi les écoles que j’ai présenté ».
Erreur : ce n’est pas très crédible. Evidemment, le jury pense que l’école qu’il représente est géniale, mais il n’est pas naïf.

La chose à faire : « Evidemment, si je suis admis à l’ESCP-EAP ou à l’EM, j’irai chez eux. (Normal dans l’esprit collectif) Si je ne les ai pas, et que j’ai toutes les autres, j’hésiterai entre Grenoble et l’Edhec.

Ceci n’est qu’un exemple, il est bien sûr transposable à toutes les écoles qui ne sont pas forcément votre premier choix, mais n’oubliez pas de justifier.

Vous mettez en compétition Grenoble et l’Edhec : ça peut être crédible, ça flatte Grenoble d’être mis à ce niveau, et le plus important, ce pourquoi vous n’avez pas mis Grenoble à part dans la hiérarchie mais en compétition avec une école a priori mieux cotée : vous donnez envie au jury de vous faire préférer leur école !

Avec un peu plus de culot, quand on vous demande ce qui vous fera choisir, vous pouvez même introduire plus ou moins discrètement une notion de classement au concours, par exemple qui conditionnerait votre possibilité de faire une option que vous voulez. Si le message passe sans se faire trop griller c’est gagné : ce n’est quasiment plus vous qui passez l’entretien mais le jury qui veut vous faire venir.

4. Qualités et défauts

C’est une des questions les plus difficiles, parce que sans être parfait vous ne vous réduisez pas à 3 défauts ni à 3 qualités, et vous voyez mal quelle caractéristiques vous feriez ressortir.
Vous n’allez quand même pas leur avouer que vous êtes paresseux, violent, ou que vous vous trouvez irrésistiblement drôle. Le seul intérêt pour moi de cette question est de voir comment vous vous en sortez. Osez dire que vous êtes perfectionniste, trop exigeant, etc, et vous allez droit dans le mur.

Comment s’en sortir : donnez des défauts qui ne soient pas des obstacles à votre travail. La gourmandise, c’est peut être un peu cliché et vous pouvez sans doute trouver mieux, mais c’est l’exemple type du défaut qui ne fera pas qu’ils hésiteront à vous prendre.

Le Must : gagner des points en crédibilité en mettant une caractéristique démontrable de suite (résistance au stress, timidité) ou dans vos expérience. Bien sûr ne jamais oublier après les défauts un moyen (et une preuve) de dire quelque chose comme « mais j’y travaille ! ».

5. « Avez-vous des questions à nous poser ? »

Question assez difficile. Je dirai qu’il ne faut pas en avoir avant l’entretien, à moins d’être sûr:

* que tout le monde ne va pas la poser
* que vous ne pourriez pas trouver la réponse avant
* que le jury saura y répondre
* qu’elle a un intérêt

Pour moi la meilleure chose à faire est de penser à cette question au début de l’entretien, quand vos interlocuteurs se présentent.
S’ils ne le font pas, leur demander de le faire à la fin peut paraître bateau mais c’est sûrement ce qu’ils attendent. S’ils se présentent au début, repérez une profession qui vous intéresse parmi le jury, une originalité qui vous interpelle, etc.
Au pire, mieux vaut ne pas poser de question à la fin, en complétant un minimum sa négation « Non, je pense que j’ai pu avoir toutes les informations que je souhaitais » par exemple. Le principal est de ne pas répondre juste un « non » qui sous-entend « je n’y ai pas réfléchi »).

6. Le truc tordu

C’est du vécu : vous passez l’entretien à l’école de vos rêves, et là au milieu de l’entretien un jeu de rôle, une question déstabilisante et imprévisible vous tombe dessus. Ne cherchez pas le but de cette épreuve bien loin : vous avez montré que vous étiez rodé, on va essayer de voir ce dont vous êtes capable, si le naturel ne revient pas au galop contredire ce que vous avez dit avant, etc .
L’attitude à adopter est de rester zen.
Vous avez paru un peu triste, on vous fait raconter une blague, montrez que vous comprenez le message. On essaye de vous déstabiliser, faites l’innocent ! Ces situations sont l’occasion de tuer le match, de montrer que c’est vous qu’ils veulent.

Par exemple, petit jeu de rôle. Que feriez vous dans telle situation, et après, et après, et s’il se passe ça, etc etc. L’erreur à ne pas commettre d’après moi est de s’arrêter avant la fin, en demandant où le jury veut en venir. Il a envie de s’amuser, allons y ! C’est lui qui fixe la règle, s’il préfère voir ma capacité à rester concentré, serein au lieu de m’entendre parler de mes balades à poney en 4ème parfait !
Il se rappellera plus de celui qui a dit « pourquoi pas » quand on lui a demandé plus ou moins explicitement s’il passerait une nuit avec Sophie Marceau, qu’à celui qui a débité son parcours scolaire. Je ne vous parle pas de celui qui se sera offusqué en demandant d’un ton indigné en quoi le fait de savoir ce qu’il pense de Sophie Marceau permet au jury de juger de ses capacités d’intégrer l’école.

2 Commentaires

  1. J’aime bien le ton de l’article. Ca change des conseils banals qu’on a l’habitude de lire. On retrouve cet esprit encore plus développé chez le rédacteur d’un site génial qui s’appelle produitsdentretiens.fr. A moins que ce soit la même personne ?

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