Transformations sociales : bilan au XXè siècle
II. L’éclatement des sociétés industrielles dans le cadre de l’industrialisation
L’approche marxiste insiste sur les conflits, les antagonismes dans la société.
L’approche durkheimienne insiste sur le guidage des comportements individuels.
Les sociétés vont-elles vers des sociétés stables, ou instables, conflictuelles ou ayant une réelle cohésion ? Existe-t-il une solidarité sociale qui viendrait d’un Etat social émergent par un phénomène de redistribution des revenus ? La classe bourgeoise est-elle une force progressiste ? Est-ce que l’intégration de la classe ouvrière passe par la violence, ou plutôt par l’école, l’Etat social redistributeur ?
A. Les classes dominantes se renouvellent-elles avec les révolutions industrielles ?
Nuit du 4 août 1789 : abolition de la noblesse et des privilèges. Ecroulement de la société de l’Ancien Regime, divisée en Noblesse, Clergé, Tiers-Etat.
En Europe l’aristocratie n’a pas disparu, joue toujours un rôle par sa fortune. Hormis dans les deux républiques, France et Suisse, la noblesse assure une fonction, est à imiter.
Mais l’aristocratie est tout de même en déclin.
La bourgeoisie, qui possède les moyens privés de prod°, est au cœur des mutations industrielles, car à la tête des grandes entreprises industrielles, commerciales, négociantes, financières…Elle possède aussi un K culturel, de savoir faire. Cette bourgeoisie a acquis surtout après 1865 aux USA un véritable leadership. [Rappel : Guerre de Sécession – ou Civil War – aux USA de 1861 à 1865]. L’entrepreneur est l’homme nouveau, défini par son travail et son savoir faire.
Il existe une mobilité sociale ascendante :
- Berliet, ouvrier de la soie à Lyon (canut) construit son entreprise de poids lourds en 1860
- Les frères Lumière, fils d’un modeste artisan qui fait de la photo, inventent en 1895 le cinématographe et en 1903 la photographie en couleur
- Carnegie (1835-1919) est l’exemple type du self-made man. A 13 ans il est ouvrier dans une usine, apprend seul la comptabilité. Remarqué par le directeur de la compagnie des chemins de fer de Pennsylvanie, il devient directeur de compagnie, place des K. Il profite de la guerre de Sécession pour s’enrichir, puis s’oriente vers la sidérurgie. Prod° à meilleur prix que les concurrents pour conquérir des marchés, logique de filiales. Il fonde la Carnegie Steel Company. Il la vent au banquier Morgan qui constitue le plus grand trust du monde, l’US Steel Company
Au sein de la bourgeoisie Kiste s’affirment aussi les ingénieurs-entrepreneurs, tels Deprez qui invente le transport du courant et accède au patronat. Création de grandes écoles : Centrale en 1829, Ecole de Physique Chimie en 1882, Polytechnique… A. Citroën sort de l’X, Peugeot, Panhard et Levassor sortent de Centrale.
Loi des 3 générations en Allemagne, puisque pour 17% des entreprises se succèdent 3 générations de chefs d’entreprise en 1935. Ce sont donc des héritiers. On peut citer les Dollfuss dans le textile, les Mallet dans la Haute Banque Protestante.
Hiérarchiquement on peut distinguer :
- La Haute bourgeoisie : classe dominante dans les sociétés ind., dont l’influence est supérieure au poids numérique. Ce sont les dirigeants de la Haute Banque, de la grande Industrie, des grandes firmes automobiles comme Ford, Durant (fondateur de G. Motors), Krups, Thyssen (sidérurgie). Tendance à la pérennisation par l’héritage et la fortune, et dvp des valeurs que sont la famille, la religion, le travail
- La Bonne bourgeoisie : elle dvp les valeurs du Kisme, la rigueur dans les affaires, l’épargne, l’ordre dans la vie familiale. Relation paternaliste avec les ouvriers : construction de logements, loisirs offerts, mais autorité de tutelle en contrepartie
Aux USA, fin XIX, début XX, contexte de barons pillards, ou robber barons, par allusion aux barons qui rançonnaient les voyageurs sur les routes allemandes.
Emergence du Businessman. La société est dominée par le big business, la concurrence sauvage, la force, la ruse et le dumping. De 1900 à 1914 cela transforme et adapte le Kisme, notamment par des ententes. Avant 1914, sociétés concentraient 75% du marché auto : Ford (1903), GM (1908).
Deux empires financiers : National City Bank de Morgan, First National Bank de Rockefeller. Imbrication de l’industriel et du financier.
B. Une nouvelle classe ouvrière qui veut être reconnue, aux contours encore flous
Intégration sociale insuffisante malgré les lois scolaires de J. Ferry de 1882-1883.
1. Les ouvriers sont en nombre croissant comme salariés de l’industrie
Poids numérique : Allemagne : 1880 : 3,5 à 5 M d’ouvriers, 1914 : 5,5 à 8 M d’ouvriers.
Angleterre : 9 M
Les ouvriers représentent :
- 54 % des actifs de l’industrie en GB
- 49,5 % en Belgique
- 48,5 % aux Pays Bas
- 33 % en France
- 26 % en Italie
En 1910 la première puissance tertiaire européenne est la GB avec 28,4 % d’actifs dans ce secteur, contre 26 % en Belgique, 26 % en France, 22 % en Allemagne.
En GB, 18 % d’actifs dans l’agriculture. En France en 1910, 40 % d’actifs agricoles.
La main d’œuvre ouvrière est instable. Beaucoup de turn-over. Elle garde des liens avec le monde rural dont elle est issue : exode rural avant 1914, du Massif Central, de la Bretagne, des Alpes…
Le monde rural reste dominant puisqu’on compte 56 % de ruraux en 1911 en France, contre 54 % aux USA et 40 % en Allemagne. La GB est championne de l’urbanisme avec seulement 27 % de ruraux et 73 % d’urbains ; Londres est la 1ère ville du monde, industrielle, tertiaire, capitale.
Les ouvriers vivent surtout en ville.
En Europe en 1800 : 23 villes de + de 100 000 habitants.
En 1900 il y en a 135. Avec le dvpt économique, tendance à diminuer les inégalités.
Améliorations sociales.
1906 : dimanche chômé en France.
Les journées de travail sont très longues, 10h/jour en 1913.
1911 : vote de la Dole, indemnité du chômage, en Angleterre. En France seulement en 1958.
Types de chômage :
- conjoncturels : licenciements quand dépression
- structurels : après crise de 74 par ex, les secteurs anciens débauchent, les NTIC sont submergés
- chômage keynésien : Théorie générale de l’intérêt, de l’emploi et de la monnaie. Insuffisance de la demande solvable entraîne chômage
- chômage frictionnel : temps pris par un travailleur pour retrouver un emploi de même qualification
2. Quel est l’impact politique/ social ?
1848 : Suffrage Universel Masculin (SUM) accordé en France.
1884-1885 : baisse du cens, taxe pour avoir le droit d’être électeur, en GB.
1912 : SUM en Italie pour hommes de + de 21 ans, lettrés, ayant rempli leurs obligations militaires.
Cela a bien sûr un impact social, avec des efforts de législation pour mettre en place un système de redistribution des revenus : Lloyd George en GB, Guillaume II et Bismarck en Allemagne, les radicaux en France depuis 1901.
1884 : loi de Bismarck sur la prise en charge des maladies.
1898 : loi sur les accidents du travail en France.
1908 : création au Royaume Uni d’une retraite financée par l’Etat pour les + de 70 ans.
3. Une main d’œuvre qui intègre de nouvelles catégories
Hausse du travail féminin. La place faite aux femmes reste traditionnelle, agriculture, paysannerie… pas de salaires. La 1è guerre mondiale fait des femmes des ouvrières.
Immigrés = éléments de diversification. Aux USA, bcp pour l’exploitation minière au Nord Ouest, la sidérurgie, le BTP. Les immigrés sont motivés par la démocratie, les valeurs américaines. Avant 1890, les européens du N s’intègrent bien ; après 1890 : immigration slave, russe, austro hongroise, italienne, grecque, ottomane : intégration plus difficile pour des raisons linguistiques et religieuses.
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