Innovations et croissance avant 1914
B. D’autres mutations structurelles pour intégrer les innovations et faire du profit
1. Le processus de concentration industrielle et de centralisation du K dans l’entreprise
Il faut que le K débouche sur un profit en passant par l’investissement productif.
La mutation a besoin de la concentration financière et technique car :
- le fait d’intégrer des innovation coûte cher. Il faut financer cela, rassembler des K.
- riposte de l’entreprise à la baisse des prix et au progrès technique, et aux Economies d’échelle : abaissement du coût de production grâce à une production de masse et standardisée.
- grande dimension indispensable pour baisser le coût de la recherche
- avant 1914, économie libérale. Il faut affronter la concurrence sur le marché, plutôt libre du point de vue des K, pas cloisonné du point de vue monétaire, mais un peu par le protectionnisme.
- les entreprises sont dans des crises, qui provoquent des faillites et un phénomène de rachat. Formation de grands groupes industriels.
Les entreprises qui se concentrent financièrement usent du statut juridique de la Société anonyme par actions (1867). En GB la SA est créée en 1856. Permet de distribuer des K familialement, ou vendre des actions sur un marché boursier comme Wall Street (New York Stock Exchange – NYSE).
Formes de la concentration :
Concentration horizontale : regroupement d’entreprises par fusion, par absorption, voire par entente, pour produire un produit dans le même créneau, dans le même marché.
Concentration verticale : Regroupement d’entreprises complémentaires qui couvrent toute la chaîne de production.
ex : KRUPP qui contrôle les mines de charbon, le transport, la production de l’acier, sa transformation, puis la fabrication d’un canon par exemple.
Les différentes formes juridiques :
- Le Trust : née aux E-U. Les actionnaires de plusieurs entreprises acceptent de confier la gestion de leurs actions à un bureau gestionnaire, le Trustee. L’ancêtre du Trust est la Standard Oil Company (1870). Elle est concentrée verticalement : contrôle de la production, raffinage, transport, distribution. Elle est démembrée en 34 sociétés en 1911 à cause des lois anti-trusts contre les entreprises trop puissantes.
1890 : Sherman Act, loi anti trust - Le Holding : groupe financier contrôlant plusieurs entreprises juridiquement autonomes. Il peut œuvrer dans plusieurs secteurs d’activité. Prise de participation financière au K de chaque entreprise qui constitue le Holding. Aux E-U, avant 1914, la banque Morgan forme un holding financier de la First National Bank.
- Le Konzern : en Allemagne. Chaque entreprise est indépendante. Les liens entre les entreprises peuvent être de concentration horizontale ou verticale. Ex : KRUPP (1812).
- Les Zaïbatsu : Au Japon durant l’ère Meiji. Ce sont des cliques financières, holdings du point de vue juridiques. Le centre du holding, la honsha, est composé de K familiaux de familles très riches. C’est un conglomérat ; il produit dans plusieurs secteurs d’activité. Il a le moyen de faire des compensations entre plusieurs branches industrielles.
- Le Cartel : Entente, association d’entreprises pour ne pas se livrer à une concurrence catastrophique. Entente sur des secteurs géographiques de diffusion d’un produit, des prix, qui leur assureront des revenus sans faire de faillites. En Allemagne, plus de 300 cartels. En France, Comité des Forges (1864) qui associe des sidérurgistes.
La concentration des entreprises s’accélère entre 1900-1914, à cause de la recherche de grande dimension et la croissance de la Belle Epoque depuis 1896.
La concentration gagne notamment les industries nouvelles :
- électrique : Walter Rattenau et AEG dominent
- industrie de la machine-outil, des fers électriques, des biens de consommation
- industrie chimique avec Bayer, BASF en Allemagne. Dupont de Nemours aux E-U en 1802
- industrie pétrolière : Standard Oil Company, dont le grand patron est Rockfeller
- industrie automobile : ¼ du marché est accaparé en 1913 par Renault, Peugeot et Panhard, en Italie, Fiat accapare 50% du marché, aux E-U, Ford & General Motors (1908) qui a racheté sociétés existantes comme Oldsmobile
Les causes principales de ces concentrations sont :
investissements productifs + coûteux qu’avant
techniques + sophistiquées donc + chères
la concurrence est beaucoup + lourde, donc tendance à la cartellisation
Paradoxe : contradiction avec la logique de libre concurrence, puis logique de monopoles comme avec Dupont de Nemours aux E-U.
Avec le Sherman Act, exemple d’interventionnisme de l’Etat, dans un système pourtant capitaliste de libre concurrence.
1914 : Clayton Act, deuxième loi anti trust.
En 1913, 60 000 SA contre 13 000 en 1890.
À Harvard, émergence du Management : organisation d’une entreprise qui assure la rationalité des décisions grâce à des spécifications directionnelles au sein de l’entreprise.
2. Le financement de la technologie et de l’industrialisation
Rappels sur les mutations des banques en parallèle avec les RI
Les activités financière renaissent à partir 12è – 15è siècle. Cette renaissance se fait en parallèle avec le commerce et la fin des croisades. Historiquement, des banquiers italiens, les Lombards, se sont fait une réputation au 13è siècle, dans Italie du Nord, Champagne française (Troyes et grandes foires), Flandres (Nord de la France et Belgique).
Banque : organisme financier qui concentre des moyens de paiement, qui assure la distribution de crédits à la consommation (faibles avant 1914) et aux entreprises. En créant du crédit, la banque crée la monnaie de banque, qui disparaît quand des biens sont créés. Elle est acteur de la vie de l’entreprise.
Obligation : Titre mobilier qui représente une part d’un emprunt de long terme émis par les Etats, ou les entreprises.
Quelques étapes de l’évolution des banques
Elles croissent au 15è – 16è pendant la Renaissance en Europe. Au 19è les banques aident à l’industrie et à la monétarisation de l’économie (différenciation avec l’éco de troc), ce qui facilite les échanges. (rq : L’Asie Mineure invente la monnaie au 7è siècle av JC).
Au début du 19è, émergence de bcp de banques privées, qui on le privilège de l’émission monétaire. Première moitié du 19è : Haute Banque protestante ou juive caractérisées par des K uniquement familiaux.
En France : banque d’affaires des Mallet, des Neuflize. Ces banques ont encore le statut juridique de la société en noms collectifs (ancêtre de la SA). Elles sont passéistes car méfiantes face au risque de l’investissement industriel.
Emergence de nouvelles banques privées : banques de dépôt, ou commerciales, à partir milieu 19è. En France :
- 1852 : Le Crédit Mobilier
- 1863 : Le Crédit Lyonnais
Les banques de dépôt s’occupent d’activités financières de court terme et prêtent à court terme. Elles émettent des actions et peuvent les vendre, ont le statut de la SA.
Les actionnaires des banques se constituent en Conseil d’Administration. Réseaux bancaires avec la création de succursales multiples.
1865 : invention du carnet de chèques
Rôle majeur dcans l’éco avec l’industrialisation. Elles sont soutenu l’essor ind car diffusé les techniques en prêtant aux entreprises. Elles vont acheter des actions dans le chemin de fer fin19è. Elles soutiennent l’ind auto par leurs K. Quand les actions baissent, les banques font faillite.
1882 : faillite de l’Union Générale
(A l’intérieur de la Grand Dépression il y a plusieurs crises boursières ; le marché boursier s’effondre car il n’y a plus d’acheteurs. Le marché saturé n’est plus rentable.)
Géographiquement, mutation bancaire disparate. Elle est + nette dans les pays où la concentration est plus forte et ou les industries nouvelles se développent, comme la Chimie, très gourmande en K productif (Capitaux Fixes), ou FCBF, Formation Brute de Capital Fixe : capital sous forme de biens, d’équipements : usines, machines…
La mutation se dvp dans les pays où la demande de K est rapide et supérieure à la capacité de financement propre des entreprises = autofinancement.
Disparités entre les pays et typologie
En Allemagne : singularité car banques à tout faire, banques universelles : activités de placement à court et à long terme. Le système bancaire allemand est composé des 4D :
- Dresdner Bank
- Diskonto Bank
- Darmstadter Bank (banque pour industrie spécialisée)
- Deutsche Bank
Après 1950, banques sous forme de SA.
Les banques cherchent des K pour l’industrie, utilisent leurs fonds personnels bancaires et les placent dans l’industrie allemande : Imbrication du Kisme financier au Kisme industriel.
Lorsqu’elle est intermédiaire pour placer des K dans une entreprise, elle prélève le coût du service.
1871 : Unité allemande par la Prusse. Les banques connaissent un essor.
Pratique d’un taux d’intérêt élevé, rémunérant l’épargne, pour attirer des K. Stratégie très concurrentielle. Les grandes banques absorbent les banques régionales ou locales.
La banque allemande tend à travailler avec les clients les + importants, les + solvables.
En Grande Bretagne : modernisation au milieu du 19è.
Il existe les « Merchant Bankers » qui font des investissements à long terme.
Les « Joint Stocks Banks » sont des banques de dépôt, qui reçoivent bcp de clients et font une actitivé de crédit à court et moyen terme.
Phénomène de concentration parallèlement à l’industrialisation : début 20è, 85% des dépôts sont concentrés dans les Big Five :
Midland Bank / Lloyd Bank / Westminster Bank / Barclays / National Provincial
Problème de la banque publique nationale d’émission monétaire qui se dvp après 1844. La loi prudentielle fait triompher un principe très débattu : le currency principle, qui dit qu’un seuil de risque doit être respecté par la banque, au-delà duquel elle ne doit pas émettre sans garantie or. La banque nationale suspend à trois reprises la convertibilité or de la Livre.
En France : Le Crédit Mobilier, crée par les frères Pereire, est une banque d’affaires d’investissements à long terme. Il faut soutenir l’industrialisation de la France grâce à des moyens permettant des placements financiers. Créer une banque privée soutenue par l’Etat qui pourra acheter des actions et des obligations de sociétés industrielles qui ont émis les titres. Le Crédit Mobilier émet obligations et actions auprès de sa clientèle, a de nouveaux K avec lesquels il peut acheter des actions.
Entre 1862 et 1864, les frères Pereire ont dominé la finance française en soutenant les chemins de fer, les compagnies d’assurance, la modernisation de Paris avec Haussman. Mais ils ne peuvent plus faire face lorsque Napoléon III ne les soutient plus. A partir de 1871, c’est la Haute Banque qui réorganise le Crédit Mobilier, et cela oriente les épargnants vers des placements de pères de famille : acheter des emprunts d’Etats étrangers ou d’entreprises.
La Russie emprunte bcp. L’Etat russe doit être solvable, et doit accepter des prélèvements pour services rendus. La Haute Banque s’adresse à ses meilleurs clients pour trouver des K.
Mais révolution bolchevique en octobre 1917. Lénine ne paie plus les dettes de l’Etat russe. C’est la ruine des obligataires.
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