ruederome, tu as raison, on ne peut pas comparer la séléctivité directement. Par exemple, au Canada on a moins tendance à démenager pour étudier dans d'autres villes, et le choix des écoles est beaucoup moins clair (il n'y a pas de classements clairs, et ça se joue beaucoup sur le préférences individuelles). Mais on peut quand même tenter de se donner une idée du niveau des étudiants.
Je vais me baser sur 2 choses, la première étant les statistiques sur la côte de rendement R utilisée par les CEGEP, la deuxième étant que l'école n'a pas beaucoup de difficulté à attirer les meilleurs étudiants du Québec, car il n'y a aucun choix local qui soit considéré universellement comme étant supérieur.
Premièrement:
Au Québec on utilise la "côte R" au CEGEP pour mesurer la performance relative des étudiants (avec une compensation pour les classes plus ou moins fortes).
La côte R moyenne au CEGEP est de 25. Une côte de 20 est très mauvaise, une côte de 30 est forte (je ne connais pas les pourcentages, mais probablement proche du 10% supérieur des finissants), une côte de 35 est très très rare (souvent la personne qui fait le discours de graduation d'un CEGEP avec plusieurs milliers d'étudiants aura 35 ou 36).
La côte la plus basse pour HEC Montréal est 26,5 (admission pas garantie, mais c'est le minimum, à condition d'avoir les cours calcul différentiel, calcul intégral et algèbre linéaire). 26,5, c'est franchement pas très fort, il suffit d'être dans le tiers supérieur du CEGEP et avoir les cours de maths. Je ne sais pas combien d'étudiants avec 26,5 sont réellement admis, mais il y en a au moins un l'année dernière

Selon le site de l'école, l'étudiant moyen rentre avec une côte de 29,5, ce qui correspond à peu près au 10% supérieur des étudiants qui ont fait le CEGEP (2 ans après le secondaire) et qui ont fait ces trois cours de maths.
Pour la cohorte trilingue, la moyenne est de 32...je ne sais pas combien d'étudiants ont 32 au CEGEP, mais le pourcentage est certainement bas, moins de 5%.
Deuxièmement:
Vu que les frais de scolarité sont plus bas au Québec pour les Québécois, il est rare de les voir partir faire leur bachelor ailleurs. Au Québec, on considère généralement que HEC Montréal et McGill ont les meilleurs programmes en gestion (je vais me faire tuer par des gens de Concordia

) et il n'y a pas de distinction claire entre les deux, c'est une question de préférences personnelles. Par exemple, la moyenne des étudiants à HEC Montréal a des notes amplement suffisantes pour être à McGill et vice-versa (l'admission à McGill étant autour de 28 de côte R, pour un programme plus petit). L'absence d'un choix clairement supérieur fait en sorte qu'il n'y ait pas de seuil au dessus duquel les étudiants vont ailleurs. Il n'est donc pas rare de voir, parmi les étudiants de HEC Montréal, des gens qui ont par exemple reçu la médaille du gouverneur du Canada pour leur performance au CEGEP (c'est quelques personnes par an seulement) ou d'autres distinctions de ce genre (meilleure moyenne de leur CEGEP, etc).
C'est pour cela que je dis, oui, il y a 1,200 personnes dans une nouvelle cohorte à HEC Montréal, et il n'est pas très difficile d'être parmi ces 1,200, il suffit d'avoir des notes plutôt bonnes au CEGEP, sans plus. Par contre, la moyenne de ces gens là ont très bien géré leur CEGEP, et ceux qui avaient les meilleures notes de leur CEGEP risquent de s'y trouver aussi.
Et je suis 100% d'accord avec toi, "être fort" est difficile à définir, et malheureusement il y a la même tendance ici qu'en France, c'est à dire, on n'apprécie pas forcément les gens qui ont d'autres talents (autres que les maths, les sciences, etc) à leur juste valeur!