Les classements doivent-ils être aux écoles ce que les cours de bourse sont aux entreprises ?Par Bernard Belletante, directeur général d'EMLYON
Le 14 septembre, le FT publiait son classement des Masters in Management, dans lequel les Ecoles françaises présentent généralement leur programme Grande Ecole. Le résultat 2015 d'EMLYON (30e) est irritant, comme est irritante toute volatilité à court terme « défavorable » à une organisation. Les dirigeants d'entreprises cotées connaissent bien cela et c'est ce qui me conduit à examiner le parallèle entre classements et cours de bourse.
J'ai souvent entendu dire que les classements sont aux Ecoles et Universités ce que le cours de bourse est aux entreprises. C'est à la fois vrai et faux.
Volatilité des résultats
C'est faux, car un cours de bourse reflète (ou devrait refléter) l'actualisation des profits futurs. Un classement reflète, quant à lui, ce qui s'est passé hier et avant-hier. Ainsi, le FT interroge les diplômés sortis il y a trois ans, et entrés dans les écoles deux à trois ans auparavant. Ainsi les données 2015 sont basées sur l'avis des diplômés de 2012, entrés pour leur très grande majorité en 2009 dans les écoles françaises. Entre-temps, le monde et les écoles ont changé, ainsi que les critères de choix des futurs étudiants.
C'est vrai quand on analyse les effets de volatilité d'une année sur l'autre. EMLYON voit son classement se dégrader alors qu'elle reste dans le top 5 français sur des critères majeurs : salaires, atteinte des objectifs, succès des placements, internationalisation de la faculté, internationalisation des étudiants, mobilité internationale, international course expérience. Ces critères m'apparaissent majeurs. Sur certains, nous avons progressé, sur d'autres nous avons légèrement reculé : le tout est amplifié par le mode de calcul. Je ne le conteste pas, il suffit de savoir que ceci est volatile.
Mais la définition des critères, des variables et les procédures de contrôle ne sont pas suffisamment contraignantes. Ainsi, dans la livraison de ce jour du FT, certains collègues français annoncent des promotions dans leur Master in Management de 104, de 261 participants. Cela ne peut pas être leur Programme Grande Ecole, ces derniers dépassant partout les 500 étudiants. Le choix du programme est libre, mais cela remet en cause le potentiel de comparaison et l'utilisation des classements pour des choix futurs.
Un point commun entre les classements et les cours de bourse est leur capacité à attirer les organisations évaluées sur les qualités de leurs concurrents et sur leurs propres faiblesses. A ce titre, je suis admiratif de voir qu'un de mes confrères ne facture que 8 891 € par an ; cela améliore sensiblement le « value for money ». Mais qui paie ?
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