Revue de presse: Syrie, état des lieux

Le printemps de Damas, qui s’inscrivait alors dans la lignée des révoltes populaires initiées en Tunisie, a démarré le 15 et 16 mars 2011 par des manifestations de rue pacifiques [1]. Deux ans plus tard, les affrontements entre le régime de Bachar El Assad et les rebelles font des victimes tous les jours. Face aux soupçons d’utilisation d’armes chimiques, des experts de l’ONU se sont rendus sur place, avec l’accord du régime syrien [2]. Les résultats de l’enquête seront connus officiellement d’ici 2 à 3 semaines [3] mais déjà plusieurs pays, dont la France [4] et les Etats-Unis dévoilent des preuves de recours aux armes chimiques et envisagent une intervention militaire face au régime de Bachar El Assad. La position de la communauté internationale semble donc en pleine évolution. Pour autant, peut-on attendre une intervention militaire dans les prochains jours ? Etat des lieux des différents pays.


syrie

Image France Culture

Une intervention militaire internationale, pour être la plus légitime possible, pourrait s’appuyer sur une résolution de l’ONU. C’est d’ailleurs en ce sens qu’avaient été dépêchés les inspecteurs sur place. 5 pays ont un droit de Veto, leur position est donc particulièrement importante. D’autre part, avant même le rapport de l’ONU, certains pays se sont prononcés pour une intervention en Syrie, en dehors du cadre de l’ONU.

Syrie: la position des Etats-Unis

Le samedi 31 août, Barack Obama déclare que le « régime de Bachar El Assad » doit être puni [5]. Dès lors, l’hypothèse d’une intervention militaire, dont le cadre reste à déterminer semble inévitable. Il justifie la nécessité de cette intervention « au nom de la morale et des droits humains ». Cependant, plusieurs éléments l’ont amené à temporiser cette position : son opinion publique, le calendrier politique internationale avec la tenue prochaine du G20 à Saint-Pétersbourg ainsi que la non-participation de la Grande-Bretagne en cas d’intervention (nous reviendrons sur le cas de ce pays). La décision a donc été prise de demander l’avis du congrès lors d’un vote qui devrait se tenir le lundi 9 septembre 2013. Il a déjà obtenu le soutien du dirigeant des Républicains au congrès [6].

Syrie: la position de la France

Le Président de la République et le Premier Ministre défendent l’idée d’une intervention en Syrie. « la Constitution et son article 15 autorise le chef des Armées à prendre la décision de déployer les forces françaises sans contrôle parlementaire. L’article 35 précise juste que «le gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention» [7]. Le débat est cependant très fort autour de la demande d’un vote du Parlement. Pour le moment, seul est prévu un débat sans vote ce mercredi 4 septembre 2013 [8]. Il est à noter cependant qu’il est pour l’instant exclu que la France s’engage seule dans une intervention en Syrie, l’intervention sera donc fortement compromise en cas de rejet par le congrès américain.

Syrie: la position de la Grande-Bretagne

La position de la Grande-Bretagne est sans équivoque : si David Cameron, le Premier Ministre, avait dans un premier temps envisagé une intervention en Syrie aux côtés de la France et des Etats-Unis, il doit se conformer à la décision de son Parlement qui s’y est opposé à 285 voix contre 272. Un second vote aura lieu une fois le rapport de l’ONU rendu.[9]

Syrie: position de la Russie

La Russie est quant à elle un allié historique de la Syrie. Par la voix de son Président, Vladimir Poutine, elle refuse actuellement toute intervention en Syrie. Dès 2012, Courrier International publiait un article pour expliquer cette position [10]. La Russie remet en cause le recours à des armes chimiques par le régime syrien, rejetant ce recours sur les rebelles. [11]. Cependant, peu avant l’ouverture du G20, la Russie nuance un peu sa position, Vladimir Poutine déclare ainsi : « «si nous obtenons des informations objectives et précises sur l’auteur de ces crimes, alors il y aura une réaction. Vous dire à l’avance ‘oui nous allons intervenir de telle ou telle façon’ ne serait pas correct, mais je vous assure que nous tiendrons une position de principe. Et cette position est la suivante : le recours aux armes de destruction massive est un crime.» [11]

Syrie: position de la Chine

Tout comme la Russie, la Chine rejette à l’heure actuelle l’idée d’une intervention en Syrie. Cependant, sa position est plus neutre que celle de la Russie : « “Une solution politique est la seule issue pour la question syrienne”, a déclaré Wang Yi, chef de la diplomatie chinoise, dans un communiqué. “La Chine appelle toutes les parties à faire montre de retenue et à rester calme.” » [12] La Chine justifie sa position par sa politique de non-ingérence mais certains, comme J-F. Dufour dans La Tribune, invoquent des raisons économiques. [13]

Au-delà de ces Etats disposant d’un droit de veto, d’autres Etats ont pris position. De manière succincte, et en reprenant un article du Figaro en date du 31 août 2013 [14], les positions des Etats sont les suivantes :

En faveur d’une intervention militaire Pour si aval du Conseil de Sécurité de l’ONU Contre une intervention militaire
Etats-Unis

France

Turquie

Koweït

Arabie Saoudite

Qatar
Italie

Espagne

Brésil
Russie

Chine

Allemagne

Japon

Canada

Egypte

Algérie

Pour conclure, afin de suivre l’évolution du dossier syrien, il est possible de se référer aux articles consacrés sur le site Le Monde et regroupés à l’adresse suivante : http://www.lemonde.fr/syrie/

[1] http://www.20minutes.fr/monde/syrie/1119043-20130315-syrie-chronologie-revolte
[2] http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/reuters-00542785-armes-chimiques-les-experts-de-l-onu-bientot-en-syrie-595417.php
[3] http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130901-armes-chimiques-syrie-resultats-enquete-onu-2-3-semaines
[4] http://www.lefigaro.fr/international/2013/09/02/01003-20130902ARTFIG00585-armes-chimiques-paris-brandit-les-preuves.php
[5] http://leplus.nouvelobs.com/contribution/929906-intervention-americaine-en-syrie-pourquoi-obama-est-oblige-d-attendre-l-avis-du-congres.html
[6] http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE98206120130904
[7] http://www.leparisien.fr/international/syrie-une-intervention-militaire-suspendue-a-un-vote-01-09-2013-3097459.php
[8] http://www.lepoint.fr/monde/syrie-une-intervention-francaise-toujours-incertaine-04-09-2013-1720791_24.php
[9] http://www.lefigaro.fr/international/2013/08/29/01003-20130829ARTFIG00480-les-desaccords-britanniques-bouleversent-le-calendrier-sur-la-syrie.php
[10] http://www.courrierinternational.com/article/2012/02/07/quelques-raisons-qui-expliquent-la-position-de-moscou-vis-a-vis-de-damas
[11] http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130904-poutine-syrie-missiles-sanctions-g20
[12] http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/08/29/97001-20130829FILWWW00200-syrie-la-chine-appelle-a-la-retenue.php
[13] http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20130902trib000782714/entre-la-chine-et-la-syrie-c-est-une-question-de-petrole-pas-de-principe.html
[14] http://www.lefigaro.fr/international/2013/08/31/01003-20130831ARTFIG00259-tour-d-horizon-des-partisans-et-opposants-a-une-frappe-en-syrie.php

A propos Sarah Rezenthel 11 Articles
Sarah Rezenthel, ancienne élève de l’ENS Cachan et de classe préparatoire HEC voie Scientifique, a obtenu l’agrégation d’Economie-Gestion en 2006. Elle a ensuite soutenue une thèse intitulée « La gestion du risque terroriste aux Jeux Olympiques : Mutations et enjeux depuis le 11 septembre 2001 ». Aujourd’hui, elle enseigne la gestion et la communication au sein du département Mesures Physiques de l’IUT Paris-Jussieu (Université Paris 7) et continue parallèlement une activité de recherche dans le domaine du management lié au sport.

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