Reconnaissance, certification, homologation, Visa, Grade de Master, CGE, AACSB, AMBA, EQUIS EPAS etc. Autant de labels et sigles qui donnent une indication sur la qualité et les sérieux des établissements et formations. Quelle est l’utilité de ces labels : instrument marketing pour se différencier ou réelle utilité pour l’étudiant ? Sans compter que de nombreux établissements qui ne détiennent pas ces labels jouent sur les mots pour induire les étudiants en erreur. Pour vous aider à vous y retrouver, voici une explication claire label par label ;
Préambule : périmètre et durée des labels et accréditations
Avant toute chose sachez que les périmètres ne sont pas les mêmes d’un label à l’autre : pour certains ils accréditent l’ensemble d’un établissement alors que d’autres ne concernent qu’une formation précise au sein d’une école. En outre, les labels sont attribués pour une certaine durée (allant de 1 à 6 ans selon les labels) : une école reconnue, un titre certifié, un diplôme visé ou ayant le grade de Master, une école accréditée AACSB, Equis ou AMBA.. peut l’être à un instant « T » mais ne plus l’être dans quelques années. L’obtention d’un label fait donc la force d’une école mais aussi sa plus grande faiblesse lorsque qu’elle le perd.
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En France ?
Reconnaissance de l’Etat (plus de 300 écoles en France)
Ce label constitue un premier niveau et signifie que l’Etat reconnait l’existence d’un établissement, de son fonctionnement et de son personnel d’encadrement. Cette reconnaissance administrative permet aux établissements de percevoir des subventions et d’accueillir les étudiants boursiers.
-> Piège à éviter : Retenez qu’une « école reconnue par l’Etat » n’est en aucun cas synonyme de qualité malgré ce que l’on pourrait penser, simplement que l’Etat atteste que l’école existe véritablement.
Certification par l’Etat (environ 10 000 formations certifiées en France)
Ici ce n’est pas l’établissement dans son ensemble qui est certifié/homologué, mais une (ou plusieurs) formation bien précise au sein d’un établissement. Attribuée par le ministère du travail, la certification ne vous donne pas un diplôme mais un « titre » enregistré au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) permettant de certifier les compétences et les connaissances nécessaires à l’exercice d’un métier. Par exemple, un établissement pourra vous accorder le titre de « Manager en marketing et management » ainsi que le niveau d’études délivré en terme de durée : niveau III = bac+2, niveau II = bac+3/4, niveau I = bac+5. Toutefois la certification ne garantit pas la qualité de son niveau académique (pas d’équivalence avec des diplômes de l’éducation nationale), cela peut éventuellement poser problème si vous décidez de poursuivre vos études à l’Université ou au sein des Grandes Ecoles de commerce (demandes se font au cas par cas).
Selon nous c’est le minimum requis pour une formation, sans cela vous étudiez une ou plusieurs années pour obtenir un « bout de papier » sur lequel une école peut écrire un joli nom de formation mais qui n’aura aucune valeur. A noter toutefois qu’une formation qui n’est pas à minima certifiée peut malgré tout avoir du sens si elle est dispensée dans une école de grande renommée, ou si cette formation vient en complément d’un vrai diplôme déjà obtenu par ailleurs.
-> Pièges à éviter :
– Certains établissements indiquent sur leur plaquette ou leur site « diplôme de niveau II » par exemple. Attention, cela ne signifie pas que le diplôme est certifié niveau II, nuance.
– Pour « marketer » leurs formations certifiées, la plupart des établissements les présentent sous des noms plus parlant tel que « Master, Mastère, Bac+5, M2 » etc. mais vous obtiendrez seulement un « titre » et non pas le nom commercial que l’on peut retrouver sur les plaquettes ou les sites Internet des établissements.
Visa de l’Etat (une centaine de formations en France de bac+3 à bac+5)
Délivré par le Ministère de l’Education nationale, le visa valide le niveau académique d’une formation nationale bac+3, 4 ou 5 (et non un établissement dans son ensemble). Le visa officialise un diplôme et atteste que le concours d’entrée, la pédagogie, le niveau d’études des professeurs et la délivrance du diplôme respectent des règles strictes et contrôlées régulièrement. Le visa garantit également une passerelle entre une première formation en école de commerce et une éventuelle poursuite d’études à l’Université.
-> Pièges à éviter :
– Au sein d’un établissement, certains diplômes peuvent être visés et d’autres non ! Un visa est délivré pour un diplôme spécifique et certaines écoles se gardent bien de le préciser.
– Dans le même registre, certains établissements indiquent sur leur plaquette ou leur site « diplôme visé… par la Chambre de Commerce et d’Industrie » par exemple. Attention, le diplôme doit d’être visé par l’Etat ou l’Education Nationale et non pas par un organisme (qu’il soit privé ou public comme ici dans cet exemple).
Grade de Master (une quarantaine de formations en France)
Le grade de Master, communément appelé « Master Grande Ecole », est délivré lui aussi par le Ministère de l’Education nationale en complément du visa bac+5, après avoir satisfait à des critères encore plus exigeants. Cette distinction a pour objectif d’assurer aux diplômes d’enseignement supérieur une meilleure visibilité internationale, avec la possibilité de poursuivre ses études en Doctorat.
-> Pièges à éviter :
– Certains établissements jouent sur le mot « Master », sachez que cette appellation n’est pas protégée… Un vrai Master doit vous conférer le grade de master.
– D’autres diplômes ressemblent à s’y méprendre à un Master mais n’en sont absolument pas : Mastère, Magistère, Master Of Science, MBA, Cycle de Master, Niveau Master ! On en parle dans cet article.
Label « Grande Ecole » (une trentaine d’écoles en France)
La Conférence des Grandes Ecoles (CGE) n’est pas un organisme officiel de l’Etat mais une association regroupant les meilleures écoles d’ingénieurs, de commerce et de gestion, toutes reconnues par l’Etat et délivrant un diplôme national Bac+5 (visé + grade de Master). Reconnue après des étudiants et entreprises, la Conférence des Grandes Ecoles a été créée en 1973 et regroupe actuellement plus de 200 établissements français dont une trentaine d’écoles de commerce.
Réelle utilité des labels français ?
D’un côté rappelons que votre diplôme n’est pas une finalité, mais un outil pour trouver un emploi (notamment le premier) : plus vos compétences et votre expérience professionnelle s’enrichissent plus le poids de votre diplôme s’estompe inévitablement. De plus si on prend l’exemple du « grade de Master » (la plus haute distinction de l’Etat), finalement cela ne sert « qu’à » éventuellement poursuivre ses études en Doctorat, ce que 99% d’entre vous ne feront pas… Alors on peut se s’interroger sur sa réelle utilité, ne serait-ce pas simplement un argument de communication ?
MAIS d’un autre côté, le niveau de sélection, la qualité du corps professoral et la qualité des cours sont nécessairement meilleurs pour les écoles ayant ces labels. Si on compare les écoles bénéficiant de ces labels et celles ne les ayant pas, dans la mesure où les tarifs sont presque identiques d’une école à l’autre, que toutes proposent des échanges avec des universités étrangères, toutes proposent des stages ou de l’apprentissage, et qu’il y a suffisamment de places à pourvoir parmi les Grandes Ecoles, alors pour quelle raison privilégier une « petite » école sans ces labels ? De notre point de vue, autant que possible nous vous conseillons de privilégier une école disposant du maximum de labels et accréditations ; cela ne servira peut être à rien dans votre carrière, mais quoiqu’il arrive c’est toujours mieux et plus valorisant d’en bénéficier que l’inverse.
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Et au niveau international ?
Dans ce contexte international où la concurrence entre les écoles et universités s’accentue, la simple reconnaissance de l’Etat ne suffit plus. Certaines accréditations internationales ont tendance à rassurer et peuvent même devenir de véritables arguments commerciaux auprès des étudiants.
EQUIS (une quinzaine d’écoles en France)
EQUIS (European Quality Improvement System) est un système d’amélioration et de certification de la qualité des établissements d’enseignement supérieur au management en Europe. Fondé en 1998 par l’EFMD (European Foundation For Management Development) au même moment où AACSB commençait à s’introduire en Europe, ce label s’est rapidement imposé comme une référence en Europe : 200 établissements sont accrédités dans le monde, dont 20 français. EQUIS accrédite un établissement dans son ensemble, parmi les principaux critères audités on retrouve l’excellence académique, l’innovation pédagogique, les relations avec les entreprises et l’ouverture internationale.
L’EFMD propose également le label EPAS, équivalant à l’accréditation EQUIS à la différence qu’il certifie la qualité d’une formation spécifique et non pour l’ensemble d’un établissement. Même si l’audit est sérieux et poussé, EPAS est une accréditation plus simple à obtenir qu’EQUIS et la notoriété de ce label peine à s’imposer au niveau mondial. Les écoles accréditées EPAS sont généralement celles n’ayant pas réussi à être accréditées EQUIS.
AACSB (une vingtaine d’écoles en France)
AACSB (Association for the Advancement of Collegiate Schools of Business) est un label américain qui a été fondé en 1916 et compte 800 institutions accréditées à travers le monde (en mai 2015), ce qui représente à peu près 5% des business schools dans le monde. Cette association a ouvert ses accréditations aux écoles en dehors du territoire américain il y seulement quelques années, c’est la raison pour laquelle 80 % des établissements accrédités sont en réalité américains. A titre de comparaison aux Etats-Unis le label AACSB pourrait être considéré comme l’équivalant du Visa français (voir ci-dessus). Ce label accrédite la qualité d’une business school dans son ensemble (pour toutes ses formations) principalement sur des données quantitatives et normées : les principaux critères sont le niveau académique des professeurs (60 % d’entre eux doivent être des enseignants-chercheurs), l’importance des moyens mis en œuvre et la pertinence de la démarche pédagogique. Le label est attribué pour 5 ans, au terme de plusieurs audits d’experts.
-> Pièges à éviter :
– Certaines écoles affichent le logo AACSB sur leur plaquette, alors qu’elles ne sont pas accréditées mais simplement membres de l’association. Etre membre AACSB ne signifie pas être accrédité AACSB, certains établissements essayent parfois de jouer sur les mots.
– Il existe de nombreuses autres accréditations internationales notamment « l’ACBSP ». Attention, les écoles ne pouvant être éligibles à l’accréditation AACSB se tournent vers ce type de label non reconnu.
AMBA (une quinzaine d’écoles en France)
Depuis 1967, l’accréditation AMBA (Association of MBAs) a été créée pour labelliser les meilleurs MBA mondiaux, puis progressivement le label s’est ouvert également aux diplômes de type Master. Ce label britannique n’a pas réussi à s’imposer aussi bien sur le marché américain et mondial contrairement à l’EFMD (EQUIS) et l’AACSB. Les principaux critères audités : l’institution organisatrice, le contenu et le timing des programmes, le niveau du corps professoral, le cursus des élèves admis, le suivi des diplômés. Contrairement aux accréditations AACSB et EQUIS, le label AMBA accrédite un programme/formation spécifique (comme EPAS) et non l’établissement tout entier.
Réelle utilité des accréditations internationales ?
Labels « d’excellence » au début des années 2000 car seules les meilleures écoles françaises en bénéficiaient, les autres écoles suivent par mimétisme bien que les procédures d’accréditation et les exigences induites sont très coûteuses, difficiles à remplir et non adaptées aux plus petites institutions. Vers les années 2005, pour se démarquer le nouveau « must » consistait à posséder la triple accréditation. Désormais en France une grande majorité des Grandes Ecoles de commerce possèdent au moins une accréditation internationale : « au départ c’était un réel facteur de différenciation, quand nous étions peu nombreux à lavoir. Quand toutes les écoles et institutions seront accréditées ou presque, on reviendra à lessentiel : les candidats demanderont quelles sont les différences que tel ou tel programme leur apporteront. » explique François Chanlat, le responsable du MBA de l’Université Paris Dauphine.
Il s’agit d’un effet de mode bien plus présent en France qu’auprès des autres pays, notamment aux Etats-Unis où les business schools (même les plus prestigieuses) ne cherchent absolument pas à être accréditées EQUIS ou AMBA ; ainsi l’argument commercial « seules 1% des business schools au monde sont triples accréditées » est biaisé dans la mesure où les meilleures mondiales telles que Harvard, Stanford, Columbia ou le MIT se contentent d’être accréditées seulement AACSB (leur « visa » national).
Liste des écoles accréditées en 2018 dans cet article.
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