Innovations et croissance avant 1914

II. La technologie n’est pas le seul facteur de croissance : il y a aussi des transformations structurelles du Capitalisme

A. La transformation capitaliste des méthodes de production
1. Passage d’un domestique système à un factory système et émergence de l’usine

Le domestique système s’est développé à partir du 16è parallèlement à l’artisanat dont il est issu. Système de la fabrique et du marchand fabricant, surtout dans le textile. Celui-ci est en relation avec des ouvriers chez eux qui travaillent le coton, contrôle la fabrication et collecte le produit fini et paie un certain prix. Il fait des finitions – teinture par ex – puis vend le produit. L’avantage de ce système est de ne pas immobiliser de K fixe sous la forme des machines par ex ; le marchand-fabricant peut payer moins car dispersion du travail. Il est son propre maître et échappe aux réglementations des corporations urbaines. ex : Fabrique Lyonnaise. On parle de proto-industrie.

La protoindustrie se transforme et plusieurs méthodes de prod coexistent.

Emergence du travail nouveau en usine avec les RI. L’usine apparaît vers 1880 en Europe Occidentale et est encore peu évoluée. Elle est marquée par les héritages du système traditionnel.

Le travail en usine s’oppose au domestique système car il est régulier, organisé, suit des règlements draconiens. La durée du travail est longue (13-14h/jour), permise par les progrès de l’éclairage notamment. Suppression des fêtes religieuses, lutte contre l’absentéisme saisonnier des plus jeunes. Paiement aux pièces.

L’usine fait le dressage d’une main d’œuvre intégrée au monde du travail, qui vient du monde rural. Discipline rigoureuse à base juridique, l’autorité patronale, fille du droit de propriété, qui donne au patron un pouvoir de sanction contre les manquements à la discipline, contre les rendements insuffisants…

Politiques répressives : amendes, licenciement individuel ou collectif.

Tout manquement est répréhensible car il pénalise la productivité.

Les ouvriers sont la classe dangereuse.

2. Le monde ouvrier s’est organisé entre 1850-1880

En GB, pionnière :

  • 1825 : loi sur la liberté d’association
  • 1833 : trade-unions, premiers syndicats libres. Cotisations élevées donc moyens financiers importants. Ils peuvent subvenir aux besoins des grévistes, verser des indemnités, etc.
  • 1868 : création du TUC (Trade Union Congress). Surtout pour ouvriers qualifiés qui savent un métier.

En Allemagne :

Dès début 1860 organisations ouvrières sur la base de pratiques anciennes, le compagnonnage. Mutualisme chez lez ouvriers du charbon.

  • 1869 : fondation du PSD qui entraîne le dévpt du syndicat
  • 1871 : Déclaration de l’unité allemande. Le mouvement ouvrier prend de l’ampleur.

En France

Naissance sous le second empire de Napoléon III (1851 – 1870) d’un syndicalisme d’ouvriers qualifiés.

  • 1864 : obtention du droit de grève. La lutte ouvrière s’intensifie.
  • 1884 : loi Wadeck Rousseau sur les associations sous la IIIè Republique (1875 – 1940).
  • 1895 : création de la CGT (Confédération Générale du Travail)

Echec d’une approche internationale du problème ouvrier.

  • 1864 : Karl Marx à Londres crée l’association internationale des travailleurs
  • 1876 : Dissolution à cause dissensions anarchistes et marxistes.

Demandes des ouvriers

  • demande de droits sociaux ; mise en place d’une législation protectrice des associations, de la grève, des syndicats, contre les abus des patrons ; protection sociale : couvrir les risques de l’ouvrier dans l’entreprise.
  • demande salariale : avec industrialisation ils obtiennent augmentation des salaires nominaux. Augmentation sensible du pouvoir d’achat qui contredit la thèse marxiste de la paupérisation de la classe ouvrière. Cela contredit aussi la loi d’airain des salaires les plus bas possibles. Ceci n’est cpdt valable que pour les ouvriers qui gardent leur emploi.
  • demande politique : certains souhaitent une société nouvelle où cesserait l’exploitation de l’homme par l’homme ; ils sont attirés par le socialisme utopique comme celui de Fourier ou Owen. Attirés par le marxisme, l’anarchisme qui nie la nécessité de l’Etat, ou Proudhon qui considère la propriété comme un vol.
  • demande de reconnaissance : pas être traités en marge, volonté d’intégration.

Fossé social entre ouvriers et bourgeoisie :

En GB, l’écart de revenus atteint de 1 à 10 entre un travailleur manuel et un bourgeois. Vers 1880-1890, l’écart est encore + grand entre aristocrate foncier et ouvrier.

3. La transformation progressive des méthodes de travail dans l’usine multiplie les OS

Invention de méthodes de travail déjà pensées par Adam Smith (1720 – 1790) qui montre la division du travail dans une manufacture d’épingles : on divise la production en de nombreuses opérations chacune confiée à un seul ouvrier.

1911 : TAYLOR publie les Principes du management scientifique. Il est l’inventeur de l’organisation scientifique du travail (OST). Chronométrage des tâches et paiement du salaire aux pièces.

Le taylorisme s’appuie sur 3 postulats :

  • le travail peut être décomposé par gestes jusqu’au résultat
  • il y a un fossé entre les dirigeants qui pensent et réfléchissent à l’organisation de l’entreprise, et celui qui fait les tâches de base
  • relation hiérarchique stricte entre les 2 catégories sus-citées

En France taylorisme dans les mines de charbon. Henri LE CHATELIER est partisan français du taylorisme.

Renault applique avant 1914 le chronométrage du temps de travail pour un salaire aux pièces : résultat, baisse de 20% du coût de revient.

  • 1906 : Ouvriers qualifiés majoritaires chez Renault avec 85% effectifs
  • 1914 : 71,4 % d’OQ. Donc la part des OS a augmenté.

Taylor est traduit en 1912 ; des industriels français vont aux E-U comme Louis RENAULT, Marcel Michelin…

Henry Ford (1863 – 1947) a introduit ces méthodes de travail en 1911-1913. Le chariot mécanique, plus tard automatisé, va apporter la tâche à l’ouvrier.

1914 : invention par Ford du salaire nominal des ouvriers pour relancer la consommation : le 5 dollars-a-day. Le Fordisme est un facteur de croissance, qui change le lien salarial. En 1914 on produit une voiture en 14h, il n’en faut plus que 1h30 en 1929. Il faut un débouché donc une demande de consommation.

Standardisation des produits (Ford T noire).

Keynes (1883-1946) met au point la théorie de la demande. La consommation est incitative de l’entrepreneur. La demande effective ou solvable est anticipée par celui-ci pour organiser sa production.

Aux E-U la consommation de masse est lancée grâce au Fordisme. C’est la seule économie à aller vers une croissance intensive, cad appuyée sur des gains de productivité (? croissance extensive : productivité faible).

Le capitalisme se transforme dans sa production, intègre les nouvelles méthodes.

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