Un autre monde Stiglitz (2006)

Fiche de lecture de l’ouvrage “Un autre monde” de Joseph Stiglitz

Voir la première partie de la fiche

Lever la malédiction des ressources

Etude ici du « paradoxe de l’abondance », ou, pourquoi des pays riches en ressources n’ont pas su profiter de l’immense manne qui en découle (ex du Nigeria, du Venezuela, de l’Arabie Saoudite…). Le problème vient du fait que quand il y a beaucoup de richesse, les batailles pour s’en emparer sont également très importantes ; nombre de conflit en Afrique sont en parti dues à cela. Au sein même d’un pays, une région riche en ressources ne voit pas pourquoi elle partagerait avec le reste du pays et donc est tentée de se déclarer indépendante (ex du Katanga au Congo, du Biafra au Nigeria).

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que ces pays ne soient que rarement des démocraties. Par un cercle vicieux, le dictateur se maintient pour les ressources et par la richesse qu’elles lui procurent et pour lesquelles il est arrivé au pouvoir. Cela conduit à une hausse des inégalités dans le pays alors que justement, leurs richesses devraient induire une plus grande égalité (car les richesses sont comme un don, une chance et non pas le fruit du travail de quelques uns qui pourraient se sentir voler s’ils devaient le redistribuer).

L’appropriation de la richesse publique

La première difficulté est que les richesses tirées de ces ressources aillent pour la plus grande partie dans les caisses de l’Etat, or une part très importante par chez les compagnies d’extraction, souvent par le biais de la corruption. Même si celle-ci est considérée comme illégale pour toute compagnie américaine depuis le Foreign Corrupt Practices Act de 1977, mais les Etats-Unis sont les seuls dans ce cas et les pratiques de corruptions sont encore courantes. Les FMN qui ne trichent pas ont un désavantage compétitif et sont donc poussées à tricher.

En plus de ces pratiques, les FMN réussissent quelques fois, grâce à leur puissance de négociation, à transférer le risque de demande vers les Etats (celui-ci s’engageant à payer les productions non écoulées du à un manque de demande !).

Tout cela a pour conséquence que les FMN retirent des bénéfices bien supérieurs à leur activité (l’extraction) et les arguments avancés pour justifier ceci sont à la limite de la malhonnêteté, les quelques emplois crées ne compensent souvent pas les coûts engendrés (pollution des eaux qui peuvent détruire des emplois dans la pêche par exemple).

Il y a également le problème des privations en masse (préconisées par le FMI) qui ont entraîné une baisse des recettes de l’Etat, sous l’argument que le secteur privé est plus efficace que le public ; cela est contestable et même si on l’admet, l’efficacité ne fait pas tout, il faut voir si les profits vont au public (ex des mines au chili, dont les publiques sont aussi efficaces que les privées mais qui rapportent l’essentiel des revenus de la collectivité, ceux des privés partant à l’étranger). Ce genre de privatisation/vol, a eu lieu massivement en Russie.

Bien utiliser l’argent

Obtenir la juste part des richesses qui leur revient est une chose pour les PED riches en ressources, bien utiliser cet argent en est une autre.

Les Etats riches sont souvent prodigues, « l’argent facile se dépense facilement », et ne font pas les dépenses nécessaires pour l’avenir alors que justement, leurs richesses sont très instables parce qu’imprévisibles (effondrement des prix). Lors d’un retournement de conjoncture, les conséquences sont particulièrement catastrophiques (ces pays n’ont pas de stabilisateurs automatiques, les banques ne veulent bien leur prêter que lorsque leur ressource connaisse des cours élevés). Et même lorsque ces pays ont été prudent (se doter d’un fond de stabilisation) comme le Chili, le FMI les a empêché de piocher dans ce fond quand la crise est arrivée.

Le cas aussi du « mal néerlandais » : Cela correspond à une sorte de fatalité que connaissent les pays ayant de riche ressources naturelles ; en effet, ceux-ci en vendant leur ressource voient affluer des dollars ce qui apprécie leur taux de change et donc défavorise leur exportation ; le secteur d’extraction de ces ressources employant généralement peu de personnels, le chômage augmente car les exportateurs ont plus de mal à exporter et les entreprises dans leur ensemble ont plus de mal à faire face à la concurrence des importations. C’est ce que connu la hollande dans les années 70 après la découverte de champs pétrolifères dans la mer du nord. Les solutions sont de payer les importations avec les dollars gagnés ou/et de garder ces dollars à l’étranger pour éviter l’appréciation du taux de change.

Faire fonctionner la mondialisation

Les pays en développement ont des mesures à prendre afin de réduire le champs de la corruption et pour que l’argent tiré des ressources leur reviennent effectivement. Mais les pays développés ont aussi un rôle important à jouer par exemple en conseillant judicieusement les PED. Par exemple il faudrait changer la norme comptable, en autre pour calculer les déficits ; remplacer le PIB qui ne prend pas en compte les dégâts environnementaux ni la nature des dépenses (qui peuvent ne pas être viable) par le PNN vert (produit national net vert) qui soustrait la dépréciation du capital, l’épuisement des ressources et la dégradation de l’environnement. Ce genre de comptabilité devrait également être mis en place dans les pays développés ; mais des lobbying font pression contre.

Un plan d’action pour la communauté internationale

Sept mesures en plus de celles citées à d’autres endroits du livre :

  1. initiative pour la transparence des industries extractives, en autorisant la déduction fiscale pour les royalties et autres paiements aux gouvernements étrangers que si la compagnie est totalement transparente.
  2. La réduction des ventes d’armes
  3. La certification, c’est imposé des certificats d’origine pour contrôler la provenance (donc éviter la contrebande en particulier pour les bois exotiques)
  4. Le ciblage de l’aide financière, avec une aide aux pays qui ont prouvé leur aptitude à suivre des politiques adaptées (sélectivité plutôt que conditionnalité).
  5. La mise au point de normes
  6. La limitation des atteintes à l’environnement, il faut une administration internationale pour cela
  7. La mise en place de moyen pour faire respecter les règles, par exemple grâce à des sanctions commerciales.

L’antagonisme entre les intérêts des compagnies et de ces pays doit être dépassé au profit de ces pays ; leurs ressources doivent leur revenir et il faut aussi qu’ils gèrent la richesse qu’ils en tirent pour assurer la stabilité et la croissance.

Sauver la planète

Le problème du réchauffement climatique qui bien que créée par les pays développés, touche et va toucher toute la planète avec des conséquences particulièrement désastreuses dans les PED. Il faut « mettre en œuvre les forces économiques de la mondialisation, qui ont été jusqu’ici si néfastes pour l’environnement, afin de le protéger ».

Le problème fondamental : la tragédie des communaux

Expression apparue au Moyen Age en Angleterre pour qualifier les terres communes où paîtraient les moutons, et dont la fertilité se dégradé parce que tout le monde comptait sur les autres pour l’entretenir. Aujourd’hui cela est flagrant dans la pêche, mais aussi dans bien d’autres domaines où le phénomène est le même que celui décrit pour l’Angleterre du Moyen Age. Il y’a deux solutions pour remédier à ca, privatiser ou donner la gestion à L’Etat, c’est le contrôle social.

L’inconvénient du premier est que la privatisation peut entraîner au moins deux effets pervers : d’abord les externalités négatives (pollution des nappes phréatiques…), ensuite, quand la légitimité de la privatisation est douteuse, celui à qui elle a profité peut vouloir bénéficier au maximum de celle-ci le plus vite possible car il craint la renationalisation (ex des forets déboisées aux Brésil, bien que privatisées…). Le contrôle social est le seul viable à l’échelle de la mondialisation, même s’il n’est pas parfait non plus en terme d’efficacité et d’équité.

Le réchauffement de la planète

Il y a unanimité sur le fait que la planète se réchauffe, les divergences portent sur l’ampleur du phénomène. Le problème étant mondial, il faut associer tout les pays du monde à le combattre, or les Etats-Unis, le plus gros pollueur s’y refusent, comment réussir à les intégrer ?

Des mobilisations mondiales ont déjà eu lieu comme pour les baleines, les gaz destructeur d’ozone (chlorofluorocarbures) ; ces exemples montrent que la communauté internationale peut agir.

En 1992, les chefs d’Etat se sont réunis à Rio et se sont engager à stabiliser la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère puis un grand nombre de réunion ont suivi pour aboutir à la conférence de Kyoto en 1997. Celle-ci fixe des objectifs de réduction en fonction des pollutions de 1990, et ces objectifs ne sont pas égaux (8% pour l’UE, 7% pour les Etats-Unis, 6% pour le Japon).

Les Etats-Unis et nombre de pays n’ont pas signé ce protocole (car ces derniers ne voyaient pas pourquoi ils devraient polluer en fonction de leur pollution de 1990, cela les limiterait dans leur développement).

Le cas des Etats-Unis est à part. Ils sont déjà les plus pollueurs du monde mais leur taux par dollar de PIB est le pire des pays développés (le Royaume Unis utilise deux tiers d’énergie de moins par dollar, le Japon la moitié, la France un tiers). Le sénat en 2001 s’était déjà opposé à la ratification, Bush à confirmer en déclarant que le mode de vie américain n’était pas négociable. D’après son administration, « les coûts de la réduction des émissions étaient trop élevés par rapport aux bénéfices ».

Tout cela sous la pression des entreprises américaines qui auraient beaucoup à perdre, celles-ci plutôt que d’adapter leurs appareils productifs ou leur production préfèrent faire pression sur l’Etat (ex de Ford et General Motors, qui soit dit en passant sont en très grande difficultés aujourd’hui). Cela n’excuse pas l’Etat, « que les entreprises refusent de dépenser pour réduire les émissions est compréhensible, mais qu’on les laisse saboter les efforts du monde entier pour conjurer le réchauffement de la planète est inacceptable. » Les américains comptent sur les progrès technique pour nous sauver, mais c’est très aléatoire, et ce progrès technique dépend des incitations or le protocole de Kyoto par les contraintes qu’il impose serait une bonne incitation. De plus ils n’entreront dans le protocole que lorsque les PED y entreront également.

Faire fonctionner la mondialisation : affronter le réchauffement de la planète

La situation est bloquée car les Etats-Unis ne veulent pas faire d’effort et les PED ne voient pas pourquoi ils se sacrifieraient pour ces derniers, polluer en fonction de la pollution de 1990 n’à aucun sens pour eux qui polluaient déjà peu. Il est cependant évident que le « business as usual » ne marchera pas, tout le monde ne peut polluer comme les Etats-Unis.

Il va falloir fixer des objectifs et des incitations allant avec pour assurer l’adhésion au protocole puis son respect.

Il s’agira principalement de sanctions commerciales en taxant les produits résultant d’une trop forte pollution ; on peut également considérer le droit à polluer des entreprises américaines comme une subvention et donc accorder à l’Europe, par exemple, de lever des droits sur les productions de ces entreprises. Cela serait une forte incitation pour les Etats-Unis, peut être même la simple menace de leur mise application suffirait.

Un autre point d’attaque est de protéger les forets qui emprisonnent le CO2, pour cela il faut rémunérer les PED à la tonne de carbone non libéré dans l’atmosphère grâce à la non déforestation (la rémunération pourrait être de l’ordre de 30 à 40 milliards par an). Le protocole de Kyoto prévoit des « crédits » pour les arbres plantés mais rien pour ceux non coupés.

Différent du protocole de Kyoto, il pourrait être envisagé de lever un impôt mondial sur les émissions de CO2, dont le coût se répercuterait sur les ménages et les entreprises qui donc réduiraient leurs émissions, l’intérêt de cette méthode est qu’elle fait appel au marché et serait peut être mieux acceptée par les Etats-Unis ; l’autre avantage est qu’il évite de donner des objectifs nationaux (et donner des objectifs faibles à des Etats revient à leur donner de l’argent, d’où le problème).

Une troisième solution fait la synthèse des deux autres (objectifs et taxe commune), dans celle-ci chaque pays met en place des incitations fiscales et garde pour lui les recet †††?U?”tes ; on pourrait alors estimer la réduction des émissions en fonction de cela et donner des objectifs, révisables périodiquement, adaptés.

« Il faut que l’Europe utilise les fondements du droit commercial international que nous avons créé pour obliger tout pays récalcitrant, tout Etat voyou -Etats-Unis compris-, à se comporter de façon responsable. »

Les multinationales

La mauvaise réputation des FMN n’est pas à faire, leurs images ont largement été ternies par leurs actes (ex de Nestlé et son lait en poudre), pour beaucoup, les FMN représentent ce qui ne va pas dans la mondialisation.
Le but des ces entreprises est le profit, et donc dès qu’elles le peuvent de baisser les coûts. Cependant, ce sont elles qui ont également apporté les bénéfices de la mondialisation au sein des PED. De plus reprocher aux FMN leur matérialisme est relativement injustifié car elles ne font que répondre à nos désirs.

Cependant les cas d’entreprises qui se conduisent mal ne sont pas des cas isolés. Le problème est systémique.

Tout le problème (et toute la force !) réside dans la « responsabilité limitée » et même s’il y a eu quelques cas exemplaires (Enron) le problème persiste. Une autre forme existe, « les partenariat à responsabilité illimitée » où chaque partenaire surveille les autres ce qui procure une certaine confiance de l’extérieur vis-à-vis de ces organisation ; le problème réside quand il y a un trop grand nombre de partenaires.

De plus certaines FMN sont devenues si énormes qu’elles font pressions sur les gouvernements (en finançant les partis politiques par ex et en obtenant des « retours sur investissement » une fois le parti au pouvoir ; ex de Medicare qui ne peut pas négocier le prix des médicaments à la baisse) des pays développés, et le rapport de force et encore plus disproportionné avec les PED. Elles ont aussi appris qu’elles peuvent exercer une influence encore plus grande sur les accords internationaux (les grandes démocraties ayant fait un effort pour tempérer les abus du marché).

Faire fonctionner la mondialisation

De plus en plus d’entreprise considèrent la Responsabilité sociale des entreprises comme nécessaire, elle va même dans leur propre intérêt (ex des coûts liés à une mauvaise conduite social ou environnementale). Mais le problème est qu’elles essaient bien souvent de glorifier leu par des réglementations plus strictes, des normes plus exigeantes.

Il faut également limiter le pouvoir des entreprises ; Smith disait déjà « il est rare que des gens du même métier se trouvent réunis, fut ce pour quelques parties de plaisir ou pour se distraire, sans que la conversation finisse par quelque conspiration contre le public, ou par quelque machination pour faire hausser les prix ».

Les Etats-Unis et l’Europe ont d’ailleurs des lois antimonopoles. Il faut des sanctions pénales, exemple du Sarbanes-Oxley Act qui rend le PDG responsable des comptes de l’entreprise, mais il faudrait étendre cela à l’environnement. Faire payer les conséquences de leurs actes aux entreprises s’avère encore plus difficile pour les PED, il faudrait pour cela généraliser l’Alien Tort Claims Act qui autorise les habitants de PED de porter plainte devant la justice américaine contre des entreprises américaines. Il faudrait a aussi que l’application des peines puissent être transmise aux tribunaux des pays développés qui auront les moyens de les faire respecter. Enfin dans le but de contourner les tentatives d’esquives des entreprises (qui mettent en place des filiales pollueuse qui ensuite font faillite et donc personne n’est responsable) il suffirait une règle simple (pour les cas environnementaux) décrétant que toute entité détenant plus de 20% des actions d’une entreprise doit être tenu pour responsable si l’entreprise fait faillite.

Pour finir, il faudrait des cadres juridiques internationaux et « favoriser les procès mondiaux en nom collectif ». Un financement d’une aide juridictionnelle des pays développés vers les PED semble également nécessaire.

Il faut se doter de lois pour lutter contre la corruption (en punissant tout entreprise la pratiquant) et contre le secret bancaire des banques offshore car il aggrave les problèmes de corruption. « Les Etats-Unis ont montré que l’action collective peut fonctionner : elle a été efficace pour arrêter les financement du terrorisme par l’intermédiaire des banques. Il faut faire preuve de la même détermination contre la corruption, les ventes d’armes, la drogue et l’évasion fiscale. »

La leçon est simple, ici aussi « les incitations ont de l’importance ».

Le fardeau de la dette

Les PED empruntent trop (ou on leur prête trop ) et ils supportent tous les risques de leur emprunt donc ce n’est pas étonnant qu’ils peinent à rembourser. Et le FMI en se posant en sauveur pose pourtant un dilemme aux PED qui ont le fois entre l’effondrement de leur économie ou la perte de leur souveraineté économique.

Auparavant, on obtenait que les Etats payent leurs dettes par la force, cela à changer. Aujourd’hui lorsqu’un pays ne peut pas payer il y a trois solutions :

  • l’effacement de la dette
  • sa restructuration (dette pas réduite mais versement différés dans l’espoir d’une amélioration de la situation)
  • la cessation de paiement (l’emprunteur ne paie plus c’est ce qu’a fait l’Argentine en ne payant qu’une petite partie).

Ce qui mène à la crise

Trop d’emprunts ou trop de prêts ? Cette question est importante car si le problème vient de l’emprunt il faudra faire pression sur les emprunteurs pour qu’ils payent leurs dettes ; à l’inverse si le problème vient des préteurs, il faudra les inciter à faire davantage « diligence ». Si les prêteurs prêtent trop c’est parce que prêter aux PED est rentable. Et les contribuables des pays pauvres payent les bêtises des banques des pays riches ; se pose le problème de l’alea moral, les préteurs sont moins prudents car ils sont assurés d’être remboursés (par le FMI en dernier recours), les prêteurs succombent également à « l’exubérance irrationnelle des marchés ».

L’emprunteur supporte tous les risques, en particulier ceux de taux d’intérêt et de taux de change, l’endettement peut donc être largement augmenté par causes extérieures. Cela est vrai dans les prêts à court terme, or les banques sont encouragées à accorder ce type de prêt pour des raisons techniques (car il leur est plus facile de respecter les exigences de fonds propres ; un prêt à court terme nécessite moins de fonds propres).

Le cas de l’Argentine, après une inflation très forte à la fin des années 80, elle a fixé sa monnaie sur le dollar ce qui a fait baisser l’inflation ; cette stratégie risquée à fonctionner. L’Argentine a connu un boom jusqu’en 1997 où la crise asiatique à amorcer ce qui serait la crise argentine. La crise financière mondiale a fait augmenter tous les taux d’intérêt pour les marchés émergents, d’où une augmentation du service de la dette et de plus le peso, fixé au dollar qui monté, se surévalua de plus en plus ; sa balance des paiements s’est détériorée, l’Argentine a du émettre de nouveaux emprunt. Le FMI a alors préconisé une politique de rigueur ce qui a aggravé la crise. De plus il avait encouragé la privatisation du système de retraite ce qui limita les entrées de recettes fiscales.

Début 2002 l’Argentine laisse le peso flotté, il se dévalue fortement, le chômage passe à 20% et le PIB chute de 12%. L’Argentine s’est déclarée défaillante et paradoxalement la croissance a repris (mise en place de bons d’Etat indexé sur le PIB, ce qui a permis de faire coïncider les interets des créanciers et de l’ensemble du pays).

Se déclarer défaillant peut faire entrer des capitaux car tant qu’il sera écraser par sa dette un pays aura une économie stagnante or les marchés sont tournés vers l’avenir ; ils parieront ainsi plus sur une économie en plein emploi et à fort taux de croissance.

Faire fonctionner la mondialisation : que faire à propos de la dette des PED ?

L’allégement de la dette des très pauvres ; effacement des dettes des 18 pays les plus pauvres et allègement pour 28 pays. Pour certains cas, il y a des raisons morales fortes pour effacer une dette ; c’est le cas des dettes odieuses. Ce sont les dettes contractées dans des régimes brutaux, non démocratiques, et que la population doit rembourser ! En annulant ces dettes, l’effet serait aussi de limiter les prêts à ce genre de régime non démocratique car les prêteurs prendraient le risque de ne pas être remboursés.

Après la crise de 1997, on s’est rendu compte que la dette pouvait venir des agents privés, or le problème est que ces pays n’ont pas de bon cadre juridique pour gérer les faillites (car les agents privés auraient tout simplement pu faire faillite).

Une bonne loi sur les faillites dépend de plusieurs considérations : il faut trouver le bonne équilibre entre créanciers et débiteurs (inciter à la fois au remboursement pour les débiteurs et à la diligence pour les créanciers) ; de plus il faut que la liquidation d’une entreprise se fasse assez vite (pour que les dirigeants ne soient pas tenter de la dépouiller), mais la législation ne doit pas être trop dure pour ne pas détruire du capital organisationnel ou des emplois. Aux Etats-Unis, la loi est plutôt favorable aux débiteurs.

5 réformes s’imposent :

  • Les pays développés ne doivent pas être nuisible en profitant de l’allègement des dettes pour « rançonner des pays ou miner leurs institutions démocratiques ».
  • Revenir aux prêts contra cycliques. Les banques sont très enclin aux prêts pro cycliques (on ne prête qu’aux riches !) ; le FMI, la Banque mondiale et les grandes banques régionales doivent revenir au prêt contra cyclique.
  • Réduire le risque. Les PED doivent développer les marchés du crédit dans leur monnaie nationale, les règles prudentielles des banques occidentales ont peut être exporté le risque à l’étranger par le biais des prêts à court terme.
  • Emprunter prudemment. Surtout pour les pays très pauvres car « Les coûts et les bénéfices de l’endettement sont injustement répartis. La dette et ses lendemains nourrissent la pauvreté et l’inégalité ».
  • Mettre en place une législation internationale des faillites, il faut mettre en place une liste de ceux qui ont des droits prioritaires lors d’une faillite souveraine, et celui des citoyens est inviolable, et la restructuration doit être rapide et favorable aux débiteurs.

« De nombreux problèmes de remboursements ne sont pas dus à des erreurs des PED mais à l’instabilité du système économique et financier mondial. Le besoin de meilleurs mécanismes de partage des risques et de règlements des problèmes d’endettement restera fort tant que les marchés financiers internationaux resteront aussi instables. »

Réformer le système de réserve mondial

Le système actuel comporte de nombreux vices qui ont entraîné des crises supportées par les PED ; il faut le réformer pour rendre l’économie mondiale plus stable et plus efficace.

Nous avons progressivement abandonné l’étalon or, et les Etats qui avaient avant des réserves métalliques les ont maintenant en devises fortes (dollar principalement). Les réserves ont pour rôle de soutenir la monnaie (limiter le risque de taux de change) en cas de crise et elles ont toujours à peu prés représentées trois mois d’importation pour les PED, aujourd’hui on est à huit mois.

Plus un pays a d’importante réserves, moins les investisseurs paniqueront et si il paniquent, l’Etat sera en mesure de rembourser les dettes à court terme. La prudence conseille d’avoir des réserves égales à ses dettes à court terme.

Le coût élevé de ces réserves pour les PED

Les réserves sont principalement détenues en dollar et bon du trésor américain, très liquides. Or ces bons sont très peu rémunérés, si cet argent avait été investi il aurait pu rapporter entre 10 et 15%, le préjudice sur l’année pour les PED est évalué a 300 milliards de dollar.

Pire, lorsqu’il emprunte à une banque américaine, le PED devra payer un taux d’intérêt de 20% mais en même temps, il doit placer la même somme en devise américaine et les bons du trésor de rapportent que du 5%, sur une somme de 100 millions de dollar, il y a transfert net de 15 millions vers les Etats-Unis. On ne voit pas l’intérêt du PED.

Les Etats-Unis reçoivent ainsi 3000 milliards de dollars à un taux d’intérêt qui s’il n’est que d’un point inférieur (il est certainement bien moins inférieur) aux taux normaux permettent aux Etats-Unis de recevoir autant d’argent que ce qu’ils donnent au titre de l’aide.

Affaiblissement de l’économie mondiale

Cet argent mis en réserve pour cause de l’instabilité mondiale est un argent qui ne sert pas à la demande globale mondiale. Chaque année, 750 milliards de pouvoir d’achat sont comme enterrés.

Les Etats-Unis vivent au dessus de leurs moyens, paradoxal pour le pays le plus riche du monde mais cela rend service à tout le monde, car sans la demande des Etats-Unis une déflation mondiale est quasi inévitable. Pendant combien de temps cela peut il durer et comment empêcher cette déflation de manière équitable ?

Il y a déficits jumeaux car un pays déficitaire doit emprunter pour payer ce déficit. Les Etats unis sont en déficit constant car ils sont le pays à monnaie de réserve ; ils sont un pays exportateurs en bons de trésor or ces exportations on un inconvénient, elle ne crée pas d’emploi, ce qui diminue la demande globale. Donc les Etats-Unis importent plus qu’ils n’exportent et leur demande intérieur est trop faible, ils vont alors faire de la relance par des dépenses publiques. Le déficit budgétaire serait alors une conséquence du déficit commercial.

Instabilité

Le système est instable car le pays à monnaie de réserve est conduit à s’endetter de plus en plus ce qui diminue la confiance dans sa monnaie, et il y a de fait un désengagement de la part des banques centrales vis-à-vis du dollar. Le dollar est devenu instable et il n’est plus un bon moyen de stocker la valeur, et cette idée commence à se répandre, tout ça est mauvais pour le dollar.

Quand les banques centrales vont acheter de l’euro, celui-ci va augmenter et l’Europe va en pâtir. « Il lui sera de plus en plus difficile de maintenir le plein emploi. Comme le chômage y est déjà très élevé et que sa banque centrale est tenue de se concentrer exclusivement sur l’inflation et pas du tout sur l’emploi et la croissance, il y a vraiment de quoi s’inquiéter sur les perspectives macro économiques de l’Europe. »

La façon dont va se régler le problème du dollar est incertaine. Si le dollar chute brutalement, l’économie américaine entrera en récession. Obliger d’augmenter leurs taux d’intérêts, les américains pénaliseraient gravement la consommation (en revalorisant leur dettes). Il faut espérer un soft lending.

Faire fonctionner la mondialisation : un nouveau système de réserve mondial.

Va-t-on se diriger vers un système à deux devises ? Ou nous attaquerons nous au problème de fond ?

Il existe la solution apportée par Keynes, une monnaie de réserve mondiale (le « Bancor ») émise par la communauté internationale. Appelons cette monnaie des « greenbacks mondiaux ».

Chaque pays membre versera une contribution chaque année d’un montant spécifié et il recevra en échange des greenbacks mondiaux qu’il pourra convertir en cas de crise en euro, dollar, yen… La parité entre les greenbacks et les monnaies pourrait être établi par une moyenne des trois dernières années. Ce système évite d’avoir d’énormes réserves en une monnaie particulière.
(Keynes avait proposé de lever un impôt sur les pays trop excédentaire pour les dissuader de laisser trop croître leur surplus ; en effet il n’y a excédent que s’il y a déficit parallèle, les déficits sont comme une patate chaude qu’on se refile.)

La réforme et le programme général de la mondialisation

Les fonds reçus grâce à l’émission des greenbacks devront être utilisé pour les pays pauvres avec pour seule condition celle des externalités négatives que le pays fait subir aux autres ; un pays trop pollueur ou qui cherche à se doter de l’arme atomique ne serait pas éligible. Ces fonds pourraient aussi être transmis à des organismes de l’ONU. On pourrait enfin remettre ces fonds à des projets de développement qui seraient en concurrence entre eux et dont le meilleur serait financé ; cela poussera à innover dans ce qui pourrait améliorer le bien être des populations.

« le monde est déjà en train de sortir de l’ère du dollar, mais cela ne veut pas dire qu’il se dirige vers un meilleur système (…)l’initiative proposée ici (…) n’éliminerez pas les problèmes auxquels les PED sont confrontés, mais elle améliorerez beaucoup les choses. Elle renforcerait la stabilité et l’équité dans le monde. Ce n’est pas une idée neuve, mais c’est peut être une idée dont l’heure est venue. »

Démocratiser la mondialisation

Chapitre qui ressemble à une conclusion, donc il est intéressant de le relire intégralement ; ici ne figureront que certaines citations clés.

« Les pays industriels avancés doivent continuer à relever le niveau de qualification de leur main-d’œuvre, mais ils doivent aussi renforcer leurs dispositifs de sécurité sociale et rendre plus progressifs leurs systèmes d’impôts sur le revenu. Ce sont les milieux proches du bas de l’échelle sociale qui ont été frappés par la mondialisation (et probablement par d’autres forces, comme l’évolution technologique). La bonne stratégie consisterait donc à réduire leurs impôts et à augmenter ceux des catégories qui ont été si bien servies par la mondialisation. »

« En retirant de la vie politique publique le choix du bon régime commercial ou du bon régime de propriété intellectuelle, on ouvre la porte à l’influence secrète d’intérêts particuliers sur ces choix »

«L’Europe a succombé à ces doctrines. Aujourd’hui, dans tout l’euro- land, on se plaint de voir la BCE suivre une politique monétaire certes merveilleuse pour les marchés obligataires, puisqu’elle maintient l’inflation à bas niveau et les cours à au niveau, mais désastreuse pour la croissance et l’emploi en Europe. »

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire