UNE NÉCESSAIRE AUGMENTATION DES FRAIS DE SCOLARITÉ
"Un État au mieux indifférent, des campagnes de fundraising qui ne produiront leur plein effet que dans quelques années, faut-il se 'réfugier' dans des augmentations des frais de scolarité ? Difficile question parce que nombreuses et virulentes sont, déjà aujourd'hui, les critiques vis-à-vis de nos frais de scolarité. Des 40.500 euros pour les trois ans de la grande école aux 52.000 euros pour notre MBA, il est évident que cet investissement est loin d'être possible pour tous. Mais il faut, là aussi, revenir à des comparaisons mondiales. Les frais de scolarité annuels à la London Business School – je parle d'une institution européenne, pas de Harvard – sont, ramenés à l'année, trois fois supérieurs aux nôtres, pour le master pré-expérience, le concurrent de la grande école, et les frais de scolarité du MBA sont deux fois supérieurs aux nôtres. Et la London Business School est un de nos principaux concurrents, souvent citée comme une référence par ceux qui s'adonnent, en France, au French bashing.
Le modèle pédagogique mis en place par HEC peut aussi paraître coûter cher, en valeur absolue. Mais je suis persuadé que c'est indispensable si on veut tenir notre rang dans la concurrence mondiale. Faire des économies est théoriquement possible, bien sûr, mais ce serait alors la 'fin de l'histoire'. Pour pouvoir par exemple envoyer nos élèves à l'étranger, nous devons en recevoir chez nous et les accueillir dans des conditions équivalentes aux standards internationaux. On ne peut pas 'les faire dormir sous une tente'.
Les attentes vis-à-vis d'une grande école sont grandes. Nous avons parlé des professeurs mais une école comme une université doivent pouvoir fournir des services et des infrastructures aux standards internationaux. Le nouveau bâtiment conçu par l'architecte Chipperfield, et financé par la Chambre de commerce, correspond à ces attentes, mais tout notre campus doit être remis au niveau des campus de référence. Et qu'on ne dise pas que le numérique va balayer tout cela : dans les dix dernières années, on a vu se construire des nouveaux bâtiments de très haute volée, au Michigan, à la London School of Economics... Au cœur de Londres, à l'IESE... Au cœur de Barcelone, à Bocconi... Au cœur de Milan, à Tsinghua... Au cœur de Pékin, et la London Business School a un projet fort avancé, à Londres. Faudra-t-il augmenter les frais de scolarité ? J'en ai bien peur, même si une telle mesure ne manquerait pas de susciter des réactions en France.
Certains y verront en effet un risque de fermeture sociale. Quelques remarques à ce sujet. Je ne peux m'empêcher d'être terriblement agacé lorsqu'on accuse HEC et les grandes écoles en général de promouvoir un système injuste socialement. Il n'est encore jamais arrivé qu'un étudiant reçu au concours d'entrée ait renoncé à intégrer notre école pour des raisons financières. Une banque partenaire, la Bred, accorde à nos étudiants un prêt à taux zéro pour payer leur scolarité et la Fondation HEC, comme susmentionné, offre aux boursiers d'État des bourses allant le plus souvent jusqu'à la gratuité."
Source: http://www.letudiant.fr/educpros/actual ... -peur.html