La nécessaire augmentation des frais de scolarité des ESC

La nécessaire augmentation des frais de scolarité des ESC

Messagepar prepa-HEC.org » 17/10/2015 18:42

C'est l'ancien directeur d'HEC, Bernard Ramanantsoa, qui le dit lui-même, dans son ouvrage "Apprendre et oser", chez Albin Michel.

UNE NÉCESSAIRE AUGMENTATION DES FRAIS DE SCOLARITÉ
"Un État au mieux indifférent, des campagnes de fundraising qui ne produiront leur plein effet que dans quelques années, faut-il se 'réfugier' dans des augmentations des frais de scolarité ? Difficile question parce que nombreuses et virulentes sont, déjà aujourd'hui, les critiques vis-à-vis de nos frais de scolarité. Des 40.500 euros pour les trois ans de la grande école aux 52.000 euros pour notre MBA, il est évident que cet investissement est loin d'être possible pour tous. Mais il faut, là aussi, revenir à des comparaisons mondiales. Les frais de scolarité annuels à la London Business School – je parle d'une institution européenne, pas de Harvard – sont, ramenés à l'année, trois fois supérieurs aux nôtres, pour le master pré-expérience, le concurrent de la grande école, et les frais de scolarité du MBA sont deux fois supérieurs aux nôtres. Et la London Business School est un de nos principaux concurrents, souvent citée comme une référence par ceux qui s'adonnent, en France, au French bashing.

Le modèle pédagogique mis en place par HEC peut aussi paraître coûter cher, en valeur absolue. Mais je suis persuadé que c'est indispensable si on veut tenir notre rang dans la concurrence mondiale. Faire des économies est théoriquement possible, bien sûr, mais ce serait alors la 'fin de l'histoire'. Pour pouvoir par exemple envoyer nos élèves à l'étranger, nous devons en recevoir chez nous et les accueillir dans des conditions équivalentes aux standards internationaux. On ne peut pas 'les faire dormir sous une tente'.

Les attentes vis-à-vis d'une grande école sont grandes. Nous avons parlé des professeurs mais une école comme une université doivent pouvoir fournir des services et des infrastructures aux standards internationaux. Le nouveau bâtiment conçu par l'architecte Chipperfield, et financé par la Chambre de commerce, correspond à ces attentes, mais tout notre campus doit être remis au niveau des campus de référence. Et qu'on ne dise pas que le numérique va balayer tout cela : dans les dix dernières années, on a vu se construire des nouveaux bâtiments de très haute volée, au Michigan, à la London School of Economics... Au cœur de Londres, à l'IESE... Au cœur de Barcelone, à Bocconi... Au cœur de Milan, à Tsinghua... Au cœur de Pékin, et la London Business School a un projet fort avancé, à Londres. Faudra-t-il augmenter les frais de scolarité ? J'en ai bien peur, même si une telle mesure ne manquerait pas de susciter des réactions en France.

Certains y verront en effet un risque de fermeture sociale. Quelques remarques à ce sujet. Je ne peux m'empêcher d'être terriblement agacé lorsqu'on accuse HEC et les grandes écoles en général de promouvoir un système injuste socialement. Il n'est encore jamais arrivé qu'un étudiant reçu au concours d'entrée ait renoncé à intégrer notre école pour des raisons financières. Une banque partenaire, la Bred, accorde à nos étudiants un prêt à taux zéro pour payer leur scolarité et la Fondation HEC, comme susmentionné, offre aux boursiers d'État des bourses allant le plus souvent jusqu'à la gratuité."



Source: http://www.letudiant.fr/educpros/actual ... -peur.html
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Re: La nécessaire augmentation des frais de scolarité des ES

Messagepar albireo » 17/10/2015 21:50

Voilà pourquoi je fais partie du très petit nombre de diplômés qui n'encensent pas le Grand Rama. Le Grand Rama comme la quasi totalité de ses estimés confrères vit dans une petite bulle bien chauffée où l'on se soucie fort de classements, de recherche, de tout un tas de choses fort passionnantes mais qui n'intéressent absolument personne en dehors d'une petite coterie qui a d'ailleurs tout à gagner à ce qu'on continue de déverser toujours plus de fric dans le système en se gardant bien d'en évaluer l'efficacité et la nécessité.

Seul problème, les entreprises derrière n'ont rien à f...qu'HEC soit numéro 1 ou 10 ou 30 en recherche grâce à de magnifiques articles sur mettons l'optimisation décisionnelle de la prise de contrôle managériale, ni que le campus bénéficie de bâtiments flambants neufs, ni que les diplômés payent leur scolarité 10 000 euros de plus qu'il y 10 ans - les salaires à la sortie restent les mêmes et diminuent même en euros constants, crise sur le marché du travail oblige. Or à quoi sert-il qu'HEC soit une "institution internationale de référence" si cela se traduit pour les étudiants par une rentabilité du diplôme qui s'érode année après année ? A rien, à part à flatter la vanité de quelques dirigeants avides de gloriole, et à enrichir quelques pontes dont les "recherches" attendent encore leur application concrète. C'est ainsi qu'on arrive à ce système absurde, kafkaïen, où les étudiants financent de leur poche et par le recours croissant à l'endettement une "recherche" qui ne leur est d'aucune utilité sur le plan académique ni professionnel, où les qualités valorisées par les entreprises sont développées intégralement en dehors de l'école (productivité acquise en prépa et expérience professionnelle acquise en stages), où l'enseignement utile est délivré par des professionnels sous-considérés et où des professeurs font semblant de faire cours à des élèves qui font semblant d'étudier.

Alors, jusqu'à quand ce beau modèle peut subsister ? De façon fort simple tant que les étudiants restent en mesure de rembourser les prêts contractés pour leur scolarité la machine peut continuer à tourner. Certes les nouveaux entrants se font de plus en plus massacrer par rapport aux générations antérieures - victimes du double effet de la hausse des frais de la scolarité et de la baisse des perspectives d'emploi à la sortie - mais tant que tout le monde trouve peu ou prou un job permettant d'amortir les frais, ça passe. Jusqu'au jour où à trop tirer sur la corde ça ne passe plus, où l'on découvre que l'enseignement supérieur est devenue une bulle et où ladite bulle explose en vol...on n'en certes pas là mais les pionniers du genre s'en rapprochent dangereusement - rappelons que l'endettement étudiant aux Etats-Unis, maîtres-à-penser du Grand Rama, dépasse le millier de milliards de dollars.
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Re: La nécessaire augmentation des frais de scolarité des ES

Messagepar LesPaul » 18/10/2015 11:28

Ces comparaisons insensées avec les pays anglo-saxons commencent à me gonfler. Oui les frais de scolarité y sont beaucoup plus élevés, mais les impôts y sont par contre beaucoup moins élevés !
En France nos parents paient beaucoup d'impôts pour financer une éducation supérieure ô combien coûteuse qui ne bénéficiera pas à leur progéniture, et repassent à la caisse pour financer directement nos études en ESC !
M.Ramajesaispasquoi prend-il en compte toutes les cotisations de nos parents sur 45 ans de carrière (+ tous les autres impôts..) pour dire que l'enseignement supérieur est meilleur marché en France qu'en Angleterre par ex ?
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Re: La nécessaire augmentation des frais de scolarité des ES

Messagepar Lhuz » 18/10/2015 13:09

Lire Nico Hirtt (fondateur de l'APED) : Tableau Noir, la privatisation de l'Enseignement Supérieur.

Le pire reste encore que ce modèle est en train de se généraliser : privatisation des meilleurs masters d'université, augmentation exceptionnelle des frais de scolarité dans les écoles d'ingénieurs (en commençant par les étudiants internationaux qui fermeront leur gueule). L'exemple de Dauphine est frappant, elle a fait son entrée dans la CGE alors qu'il ne s'agit en rien d'une Grande Ecole (mais c'est pas grave, nique la logique) et les gosses de riches n'y ont jamais été aussi nombreux que maintenant : 5k€ le master à présent pour une bonne partie des M2 et le discours aux Licenciés de son directeur cette année évoquait le désir pour Dauphine "d'aller au monde". Tout un programme.
On est en train de laisser ces salopards flinguer le système éducatif et social français, tout ça parce que les syndicats étudiants n'existent plus dans les grands établissements et qu'ils serviront de toute façon de modèle à imiter pour le reste, en tant que bastions de l'élite.
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Re: La nécessaire augmentation des frais de scolarité des ES

Messagepar albireo » 18/10/2015 15:09

Les éléments de langage valent d'ailleurs leur pesant de cacahuètes : on ne dit pas "ben voilà, 50 ans d'incurie font qu'on a plus un sou et une montagne de dettes publiques, on va donc saigner ceux qui sont les moins responsables dans cette histoire, à savoir les étudiants actuels et futurs" mais "les établissements doivent augmenter leurs ressources propres". C'est plus pudique, plus chic, et si jamais quelques voix discordantes se font entendre on s'empresse d'ajouter "oh mais rassurez-vous on augmentera aussi les bourses..." (en matière de double discours je vote pour une première place à l'EDHEC !)

De toute façon faut pas trop se leurrer : les états asphyxiés par la dette sont condamnés à se désengager massivement non seulement de l'éducation mais aussi de la santé et de matière générale à diminuer drastiquement la protection sociale. On préservera un ersatz de service public pour sauver les apparences du droit à la santé et à l'éducation , et dans les faits s'instaurera (s'il n'existe déjà) un système à deux vitesses en fonction des revenus. Tout ça parce qu'une génération aura vidé les caisses en vivant aux frais de ses descendants...
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Re: La nécessaire augmentation des frais de scolarité des ES

Messagepar prepa-HEC.org » 19/10/2015 10:04

albireo a écrit:Alors, jusqu'à quand ce beau modèle peut subsister ? De façon fort simple tant que les étudiants restent en mesure de rembourser les prêts contractés pour leur scolarité la machine peut continuer à tourner. Certes les nouveaux entrants se font de plus en plus massacrer par rapport aux générations antérieures - victimes du double effet de la hausse des frais de la scolarité et de la baisse des perspectives d'emploi à la sortie - mais tant que tout le monde trouve peu ou prou un job permettant d'amortir les frais, ça passe. Jusqu'au jour où à trop tirer sur la corde ça ne passe plus, où l'on découvre que l'enseignement supérieur est devenue une bulle et où ladite bulle explose en vol...on n'en certes pas là mais les pionniers du genre s'en rapprochent dangereusement - rappelons que l'endettement étudiant aux Etats-Unis, maîtres-à-penser du Grand Rama, dépasse le millier de milliards de dollars.



http://embedftv-a.akamaihd.net/?ue=47bd ... 7274a23537

http://www.francetvinfo.fr/societe/educ ... 34245.html
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Re: La nécessaire augmentation des frais de scolarité des ES

Messagepar Mahuf » 19/10/2015 10:58

De mon côté, ce qui me pose le plus de problème dans le discours de B.R., c'est qu'il veut s'aligner sur une concurrence internationale, sans se soucier du fait que cette dernière court à l'échec.

Les universités étrangères étranglent de plus en plus leurs étudiants - c'est particulièrement visible aux Etats-Unis - alors que leur attractivité était autrefois basée sur le fait qu'elles parvenaient à attirer des cerveaux grâce à leurs frais faibles. Les universités américaines ont fait exploser leur scolarité, et leur attractivité va finir par en pâtir.

Le graphique qui veut tout dire :
Image

Le problème d'écart entre coût de la scolarité et revenus associés, mentionné par Albireo, est particulièrement net aux Etats-Unis, comme ce site (dont le graphe est issu) l'explique plutôt bien :
http://www.leftbusinessobserver.com/College.html

On observe parallèlement une explosion des budgets des universités, et un désengagement de l'Etat. Tout ceci retombe sur les étudiants, et va finir par avoir un très mauvais impact sur le taux d'accès à l'enseignement supérieur à terme ...

Pourquoi B.R. veut-il imiter un modèle qui échoue ?
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