Re: Epreuves HGG / AEH concours 2010 ECRICOME
par Dan25jle » 22/04/2010 17:50
En ce qui me concerne j'ai choisis le sujet 1 en AEHSC "Qu'est ce qu'un partage équitable des fruits de la croissance ?" que j'ai beaucoup aimé !
Mon plan pour ceux que ça intéresse
Intro :
La question du partage des fruits des richesses obtenues par la croissance est au coeur de l'analyse économique (l'éco est bien la science qui étudie l'allocation des ressources rares). Référence aux travaux de Ricardo, de Mill et Sismondi.
L'équité dépend de l'idéal de justice : trois idéaux justice, commutative (chacun est rémunéré au prorata de sa contribution à la prod), fondée sur l'égalité de fait et sur l'égalité des chances.
I. Le partage par le marché
1. Dans l'analyse marginalistes idée de partage optimal au sens de PARETO mais pas forcément équitable (la situation où une seule personne détient toute les richisses est optimo-paretienne).
Le libéralisme de HAYEK : sur le marché tout le monde est égaux, la situation individuelle dépend des choix de chacuns, les plus riches correspondant à ceux qui ont su s'adapter le mieux à la demande. L'idée de justice sociale est un non sens : elle revient à dire que les prix (et donc la demande) est injuste. La redistribution par le marché permet à chacun d'être responsable de son propre accès aux fruits de la croissance.
2. Référence à l'idée d'Etat gendarme d'Adam Smith : police, justice, armée, infrastructures, règles encadrant le marché. Avec le recul on attribue à l'Etat la production des biens publics. Mais en dehors de ces fonctions, pour les libéraux, l'Etat n'a pas à intervenir dans la distribution des fruits de la croissance.
Public choice : l'Etat n'assure en rien l'intérêt général. Un partage des richesses par l'Etat est donc d'emblée inéquitable.
Jacques RUEFF accuse l'assurance chômage d'être cause du chômage permanent et les rigidités sur le marché du travail seraient d'après lui la cause de la crise de 1929. Donc en plus d'être inéquitable, l'action de l'Etat est dangereuse pour l'efficacité éco.
BREF : Pour les libéraux, le partage par le marché est équitable ou du moins le plus équitable qui soit. Mais leur raisonnement ne prend pas en compte l'impact négatif de la croissance.
II. La croissance étant cause de déséquilibres, un partage équitable de ses fruits suppose de dédommager ceux qui en subissent les effets néfastes
1. Exemple dans l'histoire éco : la croissance du XIXe siècle a paupérisé une partie des ouvriers, la croissance actuelle à mené à une désindustrialisation et à une tertiarisation qui n'est pas sans conséquences sociales ("éclatement des statuts" de R.CASTEL).
Effet de la croissance : dans une perspective schumpétérienne, lors du processus de croissance les salariés et entrepreneurs appartenant au secteur de la "grappe d'innovation" profitent de la hausse de la production mais en parallèle les salariés de la grappe d'innovation du cycle précédent se retrouvent au chômage et doivent se reconvertir.
La reconversion n'est pas si facile. Le passage par le chômage peut mener à l'exclusion (processus de désaffiliation sociale de Serge PAUGAM). D'une certaine façon donc, la croissance peut diminuer la capacité de chacun à subvenir à ses besoins. Il y a donc un problème d'équité : certains tirent partis de la croissance sur le dos d'une frange de la population qui se retrouve exclue.
2. Cette inéquité a été rapidement perçue d'où l'apparition de l'Etat providence. En France, mise en place de la sécurité sociale sous l'égide de P. LAROQUE qui a pour but de protéger les individus des risques sociaux (définis justement comme les aléas pouvant affecter la capacité de chacun à subvenir à ses besoins).
Contrairement aux prédictions du Public Choice ou de RUEFF, la population a bénéficié de ces mesures : pendant les trente glorieuses baisse des inégalités, de la pauvreté sans compromettre le plein emploi.
Aujourd'hui une crise de certains Etat providence (europe continentale) mais pas de l'Etat providence en général. Typologie de Gosta ESPING ANDERSEN, état providence social-démocrate (scandinave) qui non seulement n'est pas en crise mais arrive à concilier faible inégalités avec efficacité éco.
Finalement : partage équitable de la croissance prend en compte la contribution de chacun à l'effort productif mais aussi les dommages individuels (qui peuvent être analysée comme des sortes d' "externalités négatives").
3. On peut alors appliquer ce principe à l'échelle internationale et intertemporelle.
A l'échelle internationale : parce que le processus de croissance dans les PDEM a rendu plus difficile la possibilité pour les PED de se développer. L'avancée des PDEM est telle que les PED ne peuvent être compétitifs et ne parviennent pas à se développer. Le protectionnisme éducateur ne suffit pas à lancer un processus d'industrialisation (exemple de l'expérience ratée des PED ayant tenté le développement autocentré). Thèse de Paul BAIROCH (Le Tiers monde dans l'impasse).
Parallèlement, la croissance des PDEM pose problème parce qu'elle a diminué le stock de ressources naturelles. Il serait injuste que les PDEM puisse jouir seuls des fruits de la croissance sans prendre en compte le coût qu'elle pourrait avoir pour le développement des générations futurs et des pays développés.
A l'image de ce qui c'est passé avec l'Etat providence, nouveau challenge d'un développement durable qui prennent en compte la capacité des générations actuelles à répondre à ses besoins (en particulier donc les PED et les victimes de la croissance dans les PDEM) sans compromettre la capacité des générations futures à le faire.
Conclusion : Partage équitable des fruits de la croissance prend en compte la participation de chacun et doit dédommager ceux qui en font les frais. Il est toutefois essentiel de trouver une manière de partager qui ne nuise pas à l'efficacité économique. De la même façon que certains pays ont trouvé un moyen d'associer Etat providence + efficacité éco, il faut associer développement durable + efficacité éco. Sinon la question ne se pose plus : en sacrifiant efficacité éco, on sacrifie la croissance et on se prive de ses effets positifs.
Ouverture possible donc => Comment concilier développement durable et efficacité économique.