"L'écrémage" en prépa est-il abusif ?

[Obernai67]

Bonjour,

J'ai souvent lu sur ce forum que nombre de prépas amélioraient leurs résultats grâce à "d'odieux" subterfuges, comme par exemple, créer un double-label, envoyer des candidats libres (donc hors-label), accueillir un grand nombre de khubes et enfin écrémer les promos en fin de première année (et dans certains cas pendant la première année).

Comme je suis un aspirant aux prépas éco, je me suis demandé s'il y avait ici en CPGE un phénomène particulièrement sévère, voire abusif.

Cet été, j'avais posté mes premières conclusions ici
http://www.prepa-hec.org/forum/post331598.html#p331598
En résumé: 83,8% des premières années en prépas commerciales atteignent la deuxième année.
Il y aurait donc 16% d'échec, un élève sur 6.

Je me suis ensuite posé une seconde série de questions "Ce taux d'insuccès est-il fort, faible, usuel ?" et notamment par rapport aux autres voies estudiantines.

Notons que certaines académies publient ces infos (bravo!), ce qui n'est pas le cas, à ma connaissance, de toutes les classes prépas

Etant de l'académie de Strasbourg, voici par exemple toutes les données de cette région (moteur de recherche, taux de réussite)
https://www.unistra.fr/index.php?id=19382
Voici quelques extraits des taux de passage en 2ème pour des bacs S (dernière année stats dispo, 2012)

Licence de lettre. Inscrits 18, présents aux examens 13, passage 12. Taux 67%
Licence de philosophie. Inscrits 8, présents aux examens 2, passage 1. Taux 12%
Licence AES. Inscrits 18, présents 12, admis 9. Taux 50%
Licence Droit et Etudes européennes. Inscrits 147, présents 126, admis 66. Taux 45%
Licence économie gestion. Inscrits 59, présents 41, admis 23. Taux 39%
Licence psycho: 44/35/22. Taux 50%
Licence géographie: 17/14/10. Taux 59%
Licence sciences sociales: 14/7/7. Taux 50%
Licence sciences du sport: 65/42/30. Taux 46%
Licence mathématiques économie: 22/17/15. Taux 68%
Licence mathématiques: 9/8/8. Taux 89%
Licence chimie: 43/29/26. Taux 60%
Licence mathématiques et informatique: 46/18/18. Taux 39%
Licence physique et applications: 55/20/19. Taux 35%
Licence sciences du vivant: 219/117/104. Taux 47%
DUT Chimie. Inscrits 63, présents 37, admis 32. Taux 51%
DUT Génie biologique: 58/47/39. Taux 67%
DUT Génie civil: 88/66/62. Taux 70%
DUT Gestion EA: 24/23/20. Taux 83%
DUT Informatique: 59/38/38. Taux 64%
DUT Mesures Physiques: 39/37/31. Taux 79%
Et gardons le meilleur pour la fin
Médecine: Poursuite en deuxième année 12%

Un article du Figaro sur l'hécatombe en première année, stats nationales
http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/universite-47-2-des-premieres-annee-ne-passent-pas-en-deuxieme-annee-3498/

Revenons au taux moyen de passage en deuxième année des CPGE éco: 84%. Fort, faible ?
Je vous laisse tirer vos propres conclusions.

Pour ma part, les cris d'orfraie sur les cas d'écrémage ne m'effraient plus. Il paraît qu'il faut savoir raison garder
et confiance

A vous...

NB: Bien sûr, je préfèrerais entendre "Viens chez nous petit, wesh ! ici t'as 90% de chance d'intégrer HEC et ya jamais de game-over, on te donne un crédit gratos de 100 vies, coooool"

[Mahuf]

Il y a des problèmes dans ta méthodo : beaucoup de personnes sont inscrites à la fac sans y aller, d'où le taux de présence très faible aux examens.

Si tu veux le "vrai" taux de passage, tu peux rapporter les passages en 2e année aux présents en examens (sachant qu'il y a beaucoup de présents aux exams qui ont déjà abandonné en cours d'année).

Si je reprends tes chiffres, on a :
Lettres, 92% de réussite
AES, 75%
Droit, 52%
Eco + maths éco, 65%
Sciences (tout confondu) : 91%

C'est déjà beaucoup plus raisonnable, surtout si tu prends uniquement les profils similaires à ceux de la prépa HEC, c'est à dire des bacheliers généraux S et ES (et à plus forte raison avec mention).

Pour la prépa, il faut savoir que la plupart des départs ne sont pas des écrémages mais des abandons en cours d'année, les étudiants trouvant le rythme trop ardu se rabattant vers la fac.

[Mahuf]

Voici un rapport de l'INSEE sur le sujet :
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref ... 2_educ.pdf

Le taux d'échec pour les bacheliers S dans le supérieur est de l'ordre de 6%. Les filières scientifiques de l'université sont d'ailleurs parfaitement représentatives de ce taux d'échec plus faibles : le taux de réussite en fac de sciences - qui n'accueillent presque que des S - est très élevés, sans commune mesure avec les autres. Notamment, les facultés de droit, qui accueillent beaucoup d'étudiants peu motivés et de tous types de provenances, ont des taux d'échec problématiques.

[Obernai67]

Merci pour ta réponse.

Tous les chiffres indiqués ci-dessus sont ceux des bac S uniquement et sur l'université de Strasbourg uniquement.
Au sujet de la méthodo, je me suis effectivement interrogé sur le taux de succès de passage en 2ème année qu'il serait préférable de retenir.
J'ai choisi le taux "global", c'est à dire Nbre de passages en 2ème année / Nbre d'inscrits (au passage, on ne sait pas quelle est la proportion de 1ere première année, ou de 2ème, 3ème... tentative).
Ce taux là ne fait pas la différence entre les raisons qui provoquent l'échec, que ce soit "à l'initiative" de l'étudiant ou bien de l'établissement ou pour toute autre raison.
En d'autres mots, "on se fout" finalement de la raison qui provoque l'échec, pas de discrimination étiologique (j'aurais du la caser à mon bac de français celle-là ) on constate juste l'échec de passer en 2ème année.
Pourquoi ce choix ?
Je connais personnellement quelques cas d'étudiants, dont notamment un que je trouve assez spectaculaire: 3 premières années après un bac ES ! La première en AES, abandonnée au bout d'un mois... attente jusqu'à la rentrée suivante pour faire une Mana, abandonnée également au bout d'environ 6 mois, pour bifurquer à la rentrée suivante... vers une fac d'anglais.
Espérons que "conformément" aux stats de l'insee cette étudiante finira bien par sortir avec un diplôme de l'enseignement supérieur.
Toujours est-il qu'il y en a vraiment beaucoup dans des situations similaires. Et c'est ce que les chiffres fournis de passage en deuxième année montrent.

Je me suis donc posé la question, faut-il exclure tous ces parcours d'abandon "volontaire" ? (il pourrait y avoir débat sur le sens et la réalité du mot volontaire)
Il me semble que si l'effet d'"abandon volontaire" est bien moins présent en CPGE, c'est en raison de l'encadrement fort de type lycée, du niveau des étudiants en moyenne plus élevé et d'une motivation plus forte/choix plus affirmé. Ce dernier point étant aussi lié à l'origine sociale des étudiants, comme l'étude INSEE (voir ton lien) le souligne fortement. C'est une chance indubitablement et il me semble qu'il faut tenir compte de ces phénomènes, c'est à dire de leur présence en CPGE ou par contraste de leur absence à l'université.
C'est pourquoi j'ai opté pour le taux nbre passage en 2ème année/ nbre d'inscrits.

Ainsi je compare le parcours de deux élèves de terminale S, en fonction de leur choix/acceptation APB. L'un va en CPGE et dans 84% des cas il atteindra directement la case 2ème année de CPGE et l'autre part en AES (par exemple) et là sa proba d'atteindre directement la L2 ne sera plus que de 50% (source univ Strasbourg, 2012). C'est cette réalité brute (brutale ?) que je propose de considérer.

Bien sûr, comme l'indique l'INSEE in fine 94% des Bac S obtiendront un titre de l'enseignement supérieur, mais on ne précise toutefois pas en combien d'années... ni quoi...

Si tu me permets de blaguer un peu, Mahuf j'ai quand même l'impression que tu me proposes une révision gouvernementale des chiffres du chômage... on en enlève ici et là, mais c'est sans doute pour d'excellentes raisons.

Ma conclusion personnelle est que, comparativement à d'autres parcours, d'autres alternatives qui se présentent à l'heure du choix APB, le taux d'échec lors d'une première année de CPGE est bien moins élevé que dans d'autres alternatives. Je le trouve acceptable et même fair-play, même si un étudiant de CPGE pourrait encore le faire chuter en choisissant de faire un DUT par exemple.

Mais... NO Risk / NO Fun

[Mahuf]

En fait ce que tu risques d'éluder en prenant le nombre d'inscrits, c'est le phénomène des étudiants double-incrits : ceux qui sont inscrits à la fac mais qui sont allés ailleurs (prépa, BTS/DUT, ou école post-bac) ou étudiants inscrits dans 2 cursus simultanés dans 2 facs (droit + sciences par exemple).

N'importe quelle personne qui a fait une L1 te le dira : il manque presque la moitié de la promo "théorique" dès le jour de la rentrée. On ne peut pas parler d'abandon pour ces gens-là ^^

Ce phénomène étant assez répandu, il ne me semble pas tout à fait déraisonnable d'utiliser un autre chiffre.

Si tu regardes le taux de réussite en L3, il est de l'ordre de 75% en France sur 1 an, et de 82% en tout : on retombe sur des chiffres similaires à ceux des personnes de L1 qui se sont présentés aux examens.

[gibrit]

Si je sais encore lire en diagonale, voilà un article qui reprend les arguments de Mahuf
http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-o ... iversites/
(je l'ai trouvé en recherchant les taux d'admission en L3 de TSE; si quelqu'un les a, je suis preneuse, d'ailleurs)

[Obernai67]

Oui Mahuf, merci, tu as raison les inscriptions multiples sont à exclure !
Et c'est ce que font effectivement les universités, ce phénomène n'affecte donc pas les données. (sauf dans le cas d'inscriptions multiples qui incluent d'autres formations que l'université, ex CPGE...)

La source "première", la plus exhaustive de données (dont proviennent d'ailleurs les infos du blog) est le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Voir ici l'étude sur la réussite et l'échec en premier cycle
http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2013/44/7/NI_MESR_13_10_283447.pdf
Il y est précisé que:
"Ces établissements répondent à l’enquête SISE (Système d’Information sur le Suivi de l’Etudiant), qui recense les inscriptions acquittées par les étudiants. Parmi leurs éventuelles multiples inscriptions dans une université, une seule dite principale est retenue lors du décompte de la population étudiante universitaire. Les étudiants sont donc comptabilisés en tant que personnes physiques dans les établissements."

Pour les CPGE éco, il y a des stats intéressantes en page 6
"Poursuite d'études en 2011-2012 des étudiants primo-inscrits en seconde année de CPGE en 2010 ".

Extrait:
Parmi les entrants en seconde année de CPGE, un sur cinq est à nouveau inscrit en CPGE l’année suivante: le redoublement est plus répandu en CPGE scientifique (27,3%) ou littéraire (24,5%) qu’en filière
économique (7,7%).Pour les autres, deux tiers des élèves de CPGE économique intègrent une école de commerce à l’issue de la seconde année de CPGE, la proportion correspondante est de 50,7
% pour les élèves de CPGE scientifique en direction des écoles d’ingénieurs.

Conclusion "réduite": La CPGE éco c'est plus cool qu'en voie ingé car en moyenne on y passe moins de temps